Pour la première édition de l’exposition internationale d’art contemporain de Shanghai, dix galeries françaises tentent de séduire les amateurs chinois, de plus en plus friands d’art contemporain.

Laetitia Casta regarde le public en entrouvant ses jambes,un tulle enveloppe ses formes. Cette photographie de Bettina Rheims choque ou amuse les visiteurs de l’exposition internationale d’art contemporain de Shanghai. Si une dizaine de galeries françaises présentent chacune un thème différent au centre des expositions de la ville, le choix de l’oeuvre «Laetitia Casta prend un bain de tulle à l’hôtel Georges V: Pourquoi m’as-tu abandonnée?» est pourtant un exemple frappant de la place de l’art français en Chine.
«Le public chinois n’est en général pas encore très sensible à nos peintures, nous exposons donc d’abord des oeuvres connues », explique Jérôme de Noirmont. Il a donc choisi de traiter les «Icônes» avec des artistes tels que Pierre et Gilles, dont des oeuvres ont déjà connu un franc succès à l’ouverture du Moca , Fabrice Hyber ou Mc Dermott & Mc Gough, dont les représentations ludiques et glamour offrent une lecture facile de ces quelques grands artistes contemporains occidentaux.
Peu de ventes d’oeuvres françaises sont prévues pour cet évènement. «Les peintures et photographies de notre pays ne sont pas très présentes de manière générale en Chine, contrairement à d’autres occidentales. Cela s’explique peut-être en partie par la forte demande de ces oeuvres en France», affirme Yoyo Maeght, responsable du développement de la galerie Maeght. Jérôme de Noirmont d’aquiescer: «Les galeries de l’Hexagone ont manqué plusieurs occasions de montrer le travail français en Chine. Nous y effectuons donc une sorte d’entrée aujourd’hui, c’est un test dans ce marché encore jeune».
Pourtant, plusieurs galeristes chinois affirment que les peintures francaises ont toute leur place en Chine, à l’image de Chen Yan, de la galerie Yibo à Shanghai : «Beaucoup de Chinois connaissent les grands peintres classiques français, et les apprécient. Néanmoins, ils sont encore en général plus sensibles aux peintures de leur pays, dont les thèmes leur sont plus proches.» Fang Fang, directeur de la Galerie Star à Pekin, ajoute : «Les tarifs élevés des oeuvres occidentales par rapport à ceux des tableaux et photographies chinois pouvaient auparavant expliquer le manque de présence des oeuvres françaises dans notre pays. Néanmoins, les prix ont tendance à s’aligner, et cet équilibre s’accentue. Bien des oeuvres étrangères sont même déjà en vente à des prix plus bas que des peintures chinoises. La globalisation des échanges entre vendeurs et acheteurs et l’attirance pour la culture française devraient aussi aider l’art français à trouver sa place en Chine.»
Créée pour devenir la nouvelle plateforme chinoise d’art contemporain international qui ferait contre-pied à Pekin, cette exposition regroupe jusqu’à ce dimanche une sélection de cent galeries asiatiques et occidentales, ainsi que quinze stands d’artistes solo.