Les villes chinoises comptaient sur les mingongs pour rajeunir leur population mais voilà que les travailleurs-migrants contribuent à leur manière au vieillissement urbain.

Dès qu’ils peuvent, les mingongs font venir leurs enfants en ville. Mais pour les vieux qui restent seuls à la campagne, la solitude est trop lourde. Alors, certains font aussi le choix de partir.
A Pékin, On les appelle les « lao beipiao » ( « vieux vagabonds ») car ils sont âgés et ils n’ont pas de hukou ( permis de résidence). Ils ont quitté leur campagne natale pour venir vivre en ville.
Des seniors sans protection
A Pékin, selon une étude citée par le Global Times, 60 % d’entre eux seraient là pour vivre avec leur enfant et surtout leur(s) petit(s)-enfant(s).
Pendant que les adultes travaillent, les vieux gardent les petits. Un schéma qu’on retrouve dans tout le pays mais qui dans ce cas pose de nouveaux problèmes.
Car passer de la maison du village, certes équipée sommairement mais souvent spacieuse, à l’entassement dans une chambre exigue de la ville, n’est pas facile quand on a vécu chez soi toute sa vie.
Mais le plus difficile à vivre est sans aucun doute l’absence de liens sociaux. Le développement des villes chinoises a détruit les relations entre voisins et quand on vient de loin, c’est encore plus difficile de rencontrer du monde.
« Quand un couple a un enfant, toute son attention est dirigée sur lui et il néglige l’ancienne génération » explique aussi Xu Kun, professeur de philosophie, qui a fondé une hotline d’assistance psychologique pour les seniors.
Autre problème épineux: l’absence de couverture sociale. Le système en place qui déjà ne couvre pas vraiment les besoins de tout le monde est encore plus restrictif quand les assurés ne peuvent pas se faire soigner dans le lieu où ils sont enregistrés.
Si vous venez du Sichuan et que vous vivez à Pékin, vous ne pouvez en effet vous faire soigner que dans votre région d’origine.
« La société devrait reconnaître la contribution sociale faite par ces vieux migrants. S’ils n’étaient pas là pour s’occuper des enfants, les parents ne pourraient pas se concentrer sur leur travail… » dénonce Tang Jun, chercheur à l’Académie des Sciences sociales.
Des villes de plus en plus vieilles
En ce jour du Festival du Double 9 ( traditionnellement célébré le 9ème jour du 9ème mois du calendrier lunaire), homonyme de longévité et de santé selon la coutume traditionnelle chinoise et transformé depuis 1989 en « Journée des personnes âgées », la situation des vieux migrants dans les villes est devenu un sujet qui préoccupe les autorités, déjà confrontées au problème général du vieillissement de la population.
A Pékin, par exemple, 18,7% de la population officielle ( avec hukou donc) a plus de 60 ans mais seuls 2,9 lits d’accueil pour 100 seniors sont utilisables .
Le manque de soins gériatriques est déjà criant, or, les vieux Pékinois, de souche ou non, se font de plus en plus nombreux. Et c’est le cas de toutes les villes de Chine.
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