C’est un détail, mais qui pourrait bien mettre le feu aux poudres en Asie. Pékin a émis pour ses ressortissants une série de nouveaux passeports. Sur les pages du documents, une carte, censée représenter le territoire chinois. En tout cas, la Chine selon Pékin. Car cette carte inclut tous les territoires actuellement au coeur de disputes entre la Chine et ses voisins asiatiques, rapporte le New York Times.
Une vision expansionniste qui n’est forcément pas du goût de tout le monde. L’Inde, le Vietnam, la Thaïlande et les Philippines ont déjà émis des protestations : « je pense que c’est une démarche empoisonnée que Pékin a entreprise, qui s’inscrit dans leurs milliers d’actes malfaisants » a ainsi déclaré au Financial Times Nguyen Quang A, un ancien conseiller du gouvernement vietnamien. Selon l’agence Chine Nouvelle, les autorités frontalières vietnamiennes refuseraient de tamponner les nouveaux passeports des voyageurs chinois.
Un diplomate basé à Pékin a, de son côté, affirmé que cette carte représentait « une escalade sérieuse, car la Chine émet des millions de ces nouveaux passeports, qui sont valables pendant 10 ans. Si Pékin décidait plus tard de changer sa position, il faudrait rappeler tous ces passeports ».
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La Chine se prend au piège de sa propre propagande intérieure. En Chine, publier une carte de Chine « incomplète » est actuellement puni de 300 à 10 000 yuan. D’où par exemple ces encadrés absurdes dans les cartes des réseaux aériens ou ferrés alors que les îlots de la mer de Chine sont bien trop petits pour jamais accueillir un train ou un avion. Il n’empêche que choisir de faire apparaître cette carte dans un document officiel qui n’est utilisé qu’à l’étranger est une provocation. Comme souvent en pareille circonstance, la victime sera le citoyen de base qui n’y est pour rien. Les Vietnamiens délivrent actuellement des visas sur feuille volante aux détenteurs de ces nouveaux passeports, mais ils pourraient déclarer ces passeports invalides au Vietnam.
Nous n’avons plus affaire à un excité caillassant une voiture japonaise. C’est une provocation délibérée, tout à fait réfléchie. Les embêtements causés par des cartes géographiques non conformes étaient devenues rares (catalogues commerciaux de firmes étrangères bloqués en douane pour cause de Taiwan oublié, par exemple…). On va sans doute revivre ce genre de problème. Je ne pense pas, pour reprendre les termes de Cahier, que la Chine soit prise au piège de sa propagande intérieure. Je pense que sa montée en puissance dans le monde va s’accompagner d’une arrogance nouvelle, insupportable pour ses voisins…et même un peu plus loin.
Les compagnies aériennes ont souvent renoncé à l’indication des frontières et à certains noms dans leur brochures. Corée, Japon, Iran, pays arabes interdisent l’utilisation de certaines dénominations ( Mer Jaune, Mer du Japon, Golfe Persique, Golfe-Arabo-persique etc…).