Soucieuses de préserver la « pureté » de la langue chinoise, les autorités ont interdit l’utilisation d’anglicismes ou d’abréviations en anglais dans les publications en mandarin.

Le « pureté » du mandarin est-elle menacée? C’est en tout cas ce que pensent les législateurs chinois, qui viennent de prendre une nouvelle mesure pour protéger la langue nationale, dénaturée, selon eux, par l’utilisation courante de termes anglophones dans la presse.
Selon l’Administration Générale de la Presse et des Publications, à l’origine de la loi, l’usage fréquent de mots anglais et d’abréviations dans les textes en mandarin ont créé de la confusion, et représentent des « abus de langage ».
Selon une note de l’administration sur son site Internet, de telles pratiques « ont sévèrement endommagé les standards et la pureté de la langue chinoise et perturbé le langage harmonieux et sain et l’environnement culturel, causant un impact social négatif« .
Selon le China Daily, les publications seront donc désormais évaluées sur leur « usage standardisé des langues étrangères« . Celles qui ne respecteront pas cette nouvelle loi seront punies.
Un nouveau casse-tête pour les journalistes
Fini, donc, l’emploi d’abréviations telles que GDP (PIB), DNA (ADN), CPI (Index des Prix à la Consommations), qui sont pourtant devenues courantes au sein de la population : beaucoup de Chinois les utilisent quand ils s’expriment à l’oral.
Ces abréviations sont par ailleurs bien utiles, puisque beaucoup de mots chinois ne peuvent pas être raccourcis aussi facilement qu’en anglais.
Par exemple, « Produit Intérieur Brut » ne pourra plus s’écrire « GDP ». Les journalistes devront employer le terme chinois, 国民生产总值 (guomin shengchan zongzhi), bien plus long.
De même, les noms propres de personnes ou de villes étrangères devront être écrits dans leur traduction chinoise.
L’annonce de cette mesure a provoqué des réactions mitigées chez les professionnels.
« L’intention de protéger le chinois est bonne, a déclaré au China Daily un rédacteur, sous couvert d’anonymat. Mais dans une ère de mondialisation, quand des abréviations telles que WTO (World Trade Organisation, en français OMC, ndlr) ont été largement acceptées par la population, cela pourrait être trop absolu de les éliminer de toutes les publications« .
Y a-t-il une « crise du chinois »?
Ce règlement intervient dans un contexte de préoccupation grandissante autour d’une supposée « crise du chinois », qui inclue également le problème d’oubli des caractères auquel sont confrontées les nouvelles générations, qui n’écrivent plus jamais à la main.
Selon un sondage réalisé par le China Youth Daily sur 3269 personnes, 80% des Chinois pensent que leur langage est en crise. 52% d’entre eux estiment que la raison principale de cette crise est que « les Chinois font désormais plus attention à l’anglais qu’au chinois« .
Cependant, certains pensent qu’il est exagéré de parler d’une « crise ». Le chinois est en effet une langue mouvante et très variée dont les expressions diffèrent d’une région à l’autre, et se créent en permanence sur le web. L’inclusion de termes anglais n’est elle pas la marque d’une simple évolution?
« Je ne pense pas que mélanger les langues dans les publications soit néfaste pour le chinois, estime Ma Zhuanghuan, professeur de linguistique à l’Université des Etudes Internationales de Pékin. Car il est naturel pour une langue d’être affectée par une autre dans son développement ».
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Le problème est universel, regardons les magnifiques créations de l’académie française. « pollupostage » pour « spam », ou « courriel »…
Ironie du sort, certaines abréviations sont commerciales. Par exemple, NBA est une marque et il est donc pas possible de le traduire autrement sans rompre des clauses commerciales. La Chine a lancé son CBA, parfaitement prononcé en lettres d’abréviations américaines. Difficile de faire marche arrière.
Des conneries encore. Ca ne sert à rien de traduire les noms étrangers en chinois. Quelle perte de temps! C’est la raison pour laquelle les étudiants chinois ont toujours l’air perdu quand on parle de Nirvana (traduit comme « NiePan ») etc. Quelle honte!
Je ne vois pas pourquoi on a encore inventé le terme comme « le langage harmonieux ». Ca me donne la nausée. Il ne faut pas mélanger la préservation d’une langue avec son évolution permanente.