A la veille du XVIIIè Congrès du PCC, les troubles politiques inquiètent les Chinois les plus fortunés. Qui sont de plus en plus nombreux à désormais voir leur salut dans l’exil.

On a beaucoup parlé, au cours de la campagne présidentielle française, des exilés fiscaux. Stars du show-biz, grands patrons ou autres personnalités au portefeuille bien garni, qui choisissent de quitter leur pays pour échapper aux impôts ou à la situation économique. Le phénomène n’est désormais plus réservé aux grands pays développés. La Chine peut en effet se prévaloir, elle aussi, d’un exode de ses riches. Et comme le confiait Jean-François Harvey, avocat spécialiste de l’immigration basé à Hong Kong, au Wall Street Journal : « Il y a de manière évidente une forte augmentation en Chine de la demande pour des produits du type ‘laissez-moi partir tout de suite' ».
Crise économique et politique
Cette tendance est très forte particulièrement chez les hommes d’affaires et les politiciens, qui veulent protéger leurs intérêts et ceux de leur famille. Car la toute-puissante Chine, modèle de croissance figé dans une apparente stabilité politique sous l’égide du Parti, fait désormais peur aux riches. Et si le ralentissement économique que connaît le pays joue un rôle non négligeable dans cette fuite des riches, c’est surtout les tourments politiques de ces derniers mois qui encourageraient le plus grand nombre à sauter le pas.
Les organismes étrangers chargés de gérer les programmes d’immigration sont d’ailleurs formels : lorsque l’affaire Bo Xilai a éclaté, les demandes de départ ont explosé. Selon Richard Kurland, un avocat spécialiste de l’immigration basé à Vancouver, « la situation politique fait augmenter l’angoisse, et les riches se précipitent pour avoir un visa. »
Destination : Etats-Unis… et Caraïbes
Bien évidemment, les visas tant convoités ne sont pas de simples visas touristes ou business. La plupart du temps, les demandeurs cherchent quelque chose de plus définitif, comme le programme américain « résidence contre investissement » : les demandeurs et leur famille proche ont le droit de devenir résident permanent américains en échange d’un investissement d’au moins un million de dollars permettant la création aux Etats-Unis de dix emplois dans les deux ans. Et si l’investissement se fait en zone rurale, le requérant à droit à un rabais de 500 000 dollars. Gros succès en Chine : l’an dernier, 75% des dossiers déposés l’ont été par des citoyens chinois. Ils n’étaient à peine que 14% en 2007. Mais rançon de ce succès : le programme est saturé, et il faut en moyenne deux ans pour obtenir une réponse.
Le programme équivalent canadien ne peut plus, lui non plus, accueillir de demandes pour les prochains mois à venir. Sur les 700 dossiers annuels autorisés par le pays, 697 ont été remplis par des Chinois. Se pose donc la question de savoir : où vont donc pouvoir aller ces riches Chinois qui veulent quitter leur pays ? Apparemment, ce sont les Caraïbes qui tiennent la corde, car les formalités y sont plus faciles. Si vous souhaitez devenir, par exemple, citoyen de St Kitts et Nevis, rien de plus simple : un don de 250 000 dollars à la Fondation de diversification de l’industrie sucrière, et c’est réglé. Pas même besoin de vivre dans le pays, vous recevrez votre nouveau passeport par la poste, en à peine quelques mois. Une facilité qui devrait encourage de plus en plus de riches Chinois à sauter le pas. Ce qui n’est pas du meilleur augure pour la stabilité économique future de la Chine.
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
Envoyez cette page à un ami