Les chaussures Feiyue sont très tendance cet été en France. Ces tennis, malgré leur histoire riche, sont pourtant pratiquement tombées dans l’oubli en Chine.

En France, lorsqu’on les trouve, elles coûtent envrion 50 euros pour le modèle en toile, et 75 euros pour le modèle en cuir. Mais il est souvent difficile de se procurer la bonne pointure : les Feiyue se vendent comme des petits pains.
Malgré leur prix, ces tennis au design simple connaissent un succès commercial impressionant, surfant sur la mode du vintage. S’ils savent que ces chaussures ont un lien avec la Chine, beaucoup de ceux qui les achètent ignorent pourtant le passé prestigieux des Feiyue.
En Chine, on les trouve encore dans les supermarchés, pour 28 yuans, soit environ 2,60 euros, mais peu de gens les achètent. Elles sont ringardes, trop simples. Les écoliers préfèrent désormais porter des Nike.
Nées dans les années 20 à Shanghai, elles vont connaître un succès durable. Les écoliers les portaient encore dans les années 80 pour leurs cours de sport. Leur réputation tient aussi au fait qu’elles ont été adoptées par les fameux maîtres de kung-fu du monastère de Shaolin, pour leur souplesse et leur légèreté. Mais avec l’inondation du marché chinois de produits de marques étrangères, les Feiyue sont peu à peu tombées en désuétude.
En 2005, Patrick Bastian a eu l’idée de lancer les Feiyue en France, parce que, vivant en Chine, il portait lui-même ces chaussures.
Pour cela, il fallait d’abord lui offrir une deuxième jeunesse, ce qu’il a fait avec un ami graphiste. Ils se sont associés au Chinois qui gérait l’originale et l’ont convaincu qu’il fallait déposer la marque. La chaussure a été retravaillée, déclinée en plusieurs modèles et couleurs. Selon Patrick Bastian, les ouvriers qui produisent les Feiyue vendues en France travaillent dans des conditions respectables, ce qui expliquerait aussi leur prix élevé dans l’hexagone.
En France, les Feiyue se vendent très bien. « C’est énorme. Dès que l’on en reçoit, elles partent dans la semaine. Lorsque les gens ne trouvent pas leur pointure, ils prennent parfois deux tailles au-dessus si nécessaire, mais ils veulent tous une paire. En général, c’est une clientèle jeune, et parce que les autres les ont, ils veulent les mêmes » explique Emilie, vendeuse dans la boutique Citadium à Paris.
Après la France, les Feiyue partent à la conquête de l’Amérique et du Royaume-Uni, où elles commencent à peine à percer.
Le projet de Patrick Bastian, c’est d’arriver, un jour, à ce que les Feiyue reviennent à la mode dans l’Empire du Milieu. Il reconnaît que ce ne sera pas évident, et même impossible à court terme. « Nous n’avons pas encore les épaules pour cela, ne serait-ce que pour lutter contre la contrefaçon, nous ne sommes ni une grande marque de luxe ni une multinationale » dit-il.
La production de ses Feiyue revisitées est encore limitée et ne s’adresse pas au marché chinois, mais il constate que la réussite de ces tennis en Europe commence à attirer l’attention du public en Chine