Les Etats-Unis ont une nouvelle fois adopté un ton conciliant avec la Chine sur le sujet très sensible des taux de change, affirmant que Pékin ne manipulait pas sa monnaie, dans un rapport du Trésor publié mercredi.
« Ni la Chine, ni aucun des autres grands partenaires commerciaux des Etats-Unis ne satisfont les critères » permettant d’affirmer qu’ils manipulent leur monnaie, souligne ce très attendu rapport semi-annuel sur les taux de change.
En ce qui concerne la Chine, le rapport répète que le taux de change du yuan est « sous-évalué » et appelle Pékin à « accélérer fortement l’appréciation » de sa monnaie, ce qui est le discours officiel des Etats-Unis sur le sujet.
Mais pour le reste le constat est plutôt en retrait par rapport à la précédente version du rapport, publiée en juin.
Les Etats-Unis soulignent notamment « la petite accélération » du yuan intervenue depuis, qu’ils jugent « bienvenue ».
Ils se félicitent aussi des « progrès en cours et attendus » pour rééquilibrer l’économie chinoise, même si, là aussi, Pékin a beaucoup à faire: « doper la demande intérieure et une croissance soutenue par la consommation, reformer le système financier, et parvenir à une plus grande flexibilité du régime des changes ».
Ce rapport est publié une semaine après une visite du secrétaire au Trésor Henry Paulson à Pékin, où les responsables chinois ont opposé une fin de non-recevoir aux demandes américaines d’accélération du rythme d’évolution des taux de change.
Cette fois les Etats-Unis ont particulièrement mis l’accent sur les risques posés par l’économie chinoise.
Si Pékin doit réévaluer sa monnaie, c’est pour « minimiser les risques créés pour la Chine elle-même et pour l’économie mondiale, où la Chine joue de plus en plus un rôle crucial », note le rapport.
Pour la Chine elle-même, un yuan sous-évalué « contribue à une trajectoire de croissance déséquilibrée ». De plus « les pressions inflationnistes sont évidentes », note le rapport.
Les Etats-Unis lancent aussi un avertissement voilé sur les risques que la Chine ne voit se reproduire les excès ayant conduit à la crise du crédit actuelle.
« L’expérience prouve qu’une expansion importante des liquidités dans le système bancaire, comme la Chine en fait maintenant l’expérience, est souvent associée à des critères de prêts laxistes et une hausse des prêts non-performants », note le rapport.
Il s’inquiète aussi de la hausse du surplus commercial de la Chine, qui augmente les tensions avec ses partenaires commerciaux « à une époque où il est clair que le protectionnisme augmente dans le monde ».
« Les inquiétudes sur le taux de change de la Chine sont multilatérales », martèle le rapport.