Les adeptes chinois du golf vont jouer l’hiver sur l’île méridionale de Hainan. Le climat y est parfait et il ne leur est pas nécessaire de sortir du pays. Un intérêt qui a poussé à la multiplication des golfs, au détriment des terres agricoles.

Plus au nord, chez lui, dans la province du Sichuan, il pleut et il fait froid, mais ici dans l’île méridionale chinoise de Hainan, le golfeur Chen Ming est à son aise, pratiquant son sport préféré au soleil et sur un parcours bordé de palmiers. « Le climat est parfait pour jouer au golf, il y a du soleil, du sable et la mer. C’est le principal avantage », dit l’homme d’affaires Chen, après avoir effectué un parcours avec ses amis dans la station balnéaire de Sanya.
Avec son climat tropical, Hainan, cherche à se positionner comme « l’île du golf », capitale d’un sport de plus en plus apprécié parmi les nouveaux riches du pays. Si les terrains ont poussé comme des champignons dans toute la Chine, Hainan s’est distinguée à tel point que, sur la carte de la Mer de Chine méridionale, elle pourrait ressembler à un green de golf ovale. Alors qu’il y a dix ans, aucun parcours n’existait ici, aujourd’hui ils sont entre 20 et 30. L’objectif à long terme est d’arriver à 100, soit un cinquième des golfs chinois.
Pour certains professionnels cependant, cette expansion ne va pas assez vite par rapport à la demande, en particulier en hiver lorsque le froid pousse les golfeurs vers l’île. « Année après année, nous avons vraiment du mal à satisfaire les golfeurs en hiver », dit Deborah Jiang, une des responsables du Club de Yalong Bay, l’un des pionniers dans l’île. Selon Jiang, son club a enregistré 40.000 parties l’année dernière – le double d’il y a quelques années – et devra bientôt construire un nouveau parcours de 18 trous.
Sanya, principale zone touristique de l’île, a accueilli six millions de visiteurs l’année dernière, en hausse de 30% par rapport à 2006, selon les chiffres officiels, parmi lesquels de nombreux golfeurs. Si la crise économique a ralenti la venue de joueurs sud-coréens et japonais, qui composaient jusqu’à 80% du total, selon Jiang, le nombre croissant de Chinois du continent est venu compenser. « Je pourrais aller faire du golf en Thaïlande ou à Hong Kong, mais ici c’est plus facile », dit Chen, l’homme d’affaires du Sichuan. « J’ai juste à prendre un avion sans avoir besoin de visa pour aller jouer au golf », ajoute-t-il.
Le premier parcours de golf en Chine a été construit il y a 25 ans, quelques années après le début des réformes économiques et de l’ouverture, désormais il y en a au moins 500. Ce sport a bouleversé la vie de Hainan, auparavant un endroit reculé, contrôlé par les militaires, et où étaient envoyés, sous les empereurs, les opposants. Dans les années 90, elle avait connu un boom immobilier, puis la crise. Aujourd’hui, le boom immobilier est de retour, avec le golf comme produit d’appel.
L’une des principales sociétés de création de parcours aux Etats-Unis, Schmidt-Curley, a d’ailleurs ouvert son siège chinois à Haikou, la capitale de l’île. « Hainan sera l’un de nos plus importants marchés en Chine pendant quelque temps », remarque Brian Curley, cofondateur de la société. Mais cette prolifération de parcours de golf, qui empiètent souvent sur les terres agricoles, inquiète. En 2004, les autorités centrales avaient décrété un arrêt de l’autorisation de nouveaux projets, mais cela n’a guère eu d’effet. Les fonctionnaires locaux n’en ont cure, offrant même des avantages fiscaux pour les opérateurs comme à Hainan. Les autorités de Hainan n’ont pas accepté d’être interviewées. Récemment, le gouvernement central a lancé un recensement des parcours, mais rien ne semble pouvoir arrêter l’élan, surtout depuis la décision le mois dernier d’intégrer le golf aux JO de 2016. « Avec le retour du golf aux jeux Olympiques, nous espérons tous que nous allons obtenir plus de soutien du gouvernement central et des administrations concernées dans un proche avenir pour aider les clubs de golf à croître », souligne Jiang du club de Yalong Bay.