Le bureau national des statistiques a rapporté vendredi matin une croissance économique toujours forte au premier trimestre avec 9,7% de hausse du PIB, mais l’inflation a atteint 5,4 % en mars, son plus haut niveau depuis juillet 2008.

Malgré les efforts des autorités, l’inflation marque une nette accélération par rapport aux 4,9 % du mois de février.
La lutte contre l’inflation est pourtant la priorité économique de l’année 2011 mais les mesures de resserrement monétaire prises ces derniers mois, les hausses des taux et le relèvement des réserves obligatoires des banques, n’ont pas porté leurs fruits et l’objectif du gouvernement de contenir l’inflation à 4% pour 2011 semble de plus en plus compromis.
A l’origine
Aux sources de l’inflation, l’excès de liquidités : le pays a trop fait tourner la planche à billets ces deux dernières années, alors qu’en 2009 sa masse monétaire atteignait déjà l’équivalent de son PIB annuel.
Les germes de l’inflation actuelle remontent à novembre 2008, lorsqu’au plus fort de la crise Pékin a mis en place un plan de relance de 4 000 milliards de yuans d’investissements pour la période 2009-2010.
Ce plan qui a certes permis à l’économie de remonter rapidement la pente a également inondé le marché domestique de liquidités. Parallèlement, encouragées par le gouvernement, les banques avaient accordé en 2009 près de 10 000 milliards de yuans de prêts.
Les ajustements macro-économiques décidés l’année suivante peinent aujourd’hui à porter leurs fruits. Le FMI, dans ses dernières prévisions mondiales prédit une inflation à 5 % sur l’année et appelle la Chine à laisser s’apprécier le yuan, comme le réclament également tous les partenaires commerciaux de la Chine.
Inquiétudes gouvernementales
Cette nouvelle hausse de l’inflation provoque l’inquiétude du gouvernement chinois. Le Premier Ministre Wen Jiabao a déjà prévenu qu’elle était une source majeure d’instabilité sociale. `
Les hausses des prix les plus fortes ont en effet concerné les denrées alimentaires et les produits de première nécessité. Des statistiques montrent que dans trente six grandes villes du pays, les prix de certains légumes ont bondi de 62,4 % en un an en 2010 !
L’immobilier n’est pas en reste, la hausse des prix du logement s’est poursuivi au premier trimestre malgré des mesures contre la spéculation immobilière.
Anticipant ces chiffres, Wen Jiabao a exprimé sa colère lors d’une réunion du Conseil d’Etat jeudi 14.
Il s’est plaint de l’échec du gouvernement à contenir les prix, notamment les prix des logements qui ont continué à grimper dans la plupart des villes alors que le volume des ventes s’est effondré, ravivant encore les frustrations populaires.
« Nous sommes très loin des attentes des consommateurs sur le plan des prix des logements et des objectifs fixés. Si les mesures pour contenir les prix immobiliers ne sont pas appliquées sérieusement, les gens perdront confiance et la crédibilité du gouvernement finira par disparaître» a-t-il averti.
Un souci quotidien
Impossible de discuter avec un Chinois sans tomber à un moment ou un autre sur le sujet. Ce n’est pas pour rien que le caractère « inflation » a été élu, en novembre dernier, mot de l’année !
Mais le phénomène est également commenté dans les milieux expatriés: pour les petits salaires en effet, la hausse des prix commence à se faire sentir.
« Cela fait plus de 8 ans que je suis ici et ces derniers mois, j’ai changé de comportement: je n’invite plus les copains au resto, je marchande âprement au marché, bref je fais attention! La vie à Pékin n’est plus bon marché surtout évidemment quand on voit la hausse des loyers! » explique Martin, salarié.
» Cette semaine, les prix des taxis ont augmenté, il faut maintenant payer 2 RMB en plus du tarif affiché au lieu d’un pour une course un peu longue. Evidemment comme ça , ça n’a l’air de rien mais à la fin du mois le budget taxis n’est plus insignifiant avec les diverses augmentations.Et beaucoup de mes amis chinois sont revenus aux transports en commun! » témoigne Caroline qui vit en Chine depuis 20 ans.
Le niveau de vie en Chine reste pourtant encore peu élévé pour un pays qui est considéré comme la deuxième économie mondiale. Mais le gouvernement chinois devra faire preuve encore de beaucoup d’initiative pour empêcher un emballement acceléré des prix.
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Et encore, 5,4 % c’est le chiffre officiel. On serait à 10% que ça ne m’étonnerait pas.
Regardez bien le rapport entre l’inflation et l’épargne (avec taux d’intêrêt).
Vous en déduirez que placer son argent c’est quelque chose de nécessaire mais de vraiment insuffisant, pour s’assurer de son avenir.