En 2008, les autorités chinoises ont relevé plus de 70 000 cas de fraudes dans l’industrie alimentaire. Un homme politique s’est inquiété récemment des risques que fait peser l’injection d’eau dans la viande, une pratique généralisée en Chine.

Au cours d’une conférence sur la consommation, les autorités commerciales chinoises ont annoncé avoir enquêté sur 76 500 cas de fraudes dans l’industrie agro-alimentaire en Chine. Elles ont estimé que ces fraudes équivalaient à 274 millions de yuans, selon l’agence Chine Nouvelle. Le principal problème est l’utilisation de substances illicites dans l’industrie, selon Ma Yong, un haut responsable de l’Association Nationale de l’Industrie Alimentaire.
La Chine a adopté le 28 février dernier une loi sur la sécurité alimentaire, qui entrera en vigueur en juin.
Le pays a été marqué par plusieurs scandales au cours des derniers mois, dont celui du lait frelaté à la mélamine qui a rendu près de 300 000 enfants malade et en a tué 6, et celui du porc contaminé au clenbuterol, un stéroïde, qui a contaminé au moins 70 personnes dans la province du Guangdong.
Lors de la session de la Conférence consultative du peuple chinois qui s’est tenue récemment à Pékin, Feng Ping, l’un de ses membres, s’est inquiété du risque que l’injection d’eau dans la viande, une pratique largement répandue en Chine, fait peser sur la santé des consommateurs. Il a proposé que soit mis en place un nouveau système administratif de supervision de la chaîne de production de viande, confié à une seule autorité.
De l’eau dans plus de la moitié de la viande en supermarché
Selon M. Feng, qui est également expert au sein d’un centre de recherche sur l’industrie agro-alimentaire, l’injection d’eau dans la viande lors de l’abattage est une pratique courante en Chine qui présente un fort risque sanitaire.
Selon le quotidien chinois Nanfang, un contrôle de routine des autorités de supervision dans la ville de Ningbo, dans le Zhejiang, a révélé que plus de la moitié de la viande vendue en grandes surfaces avait fait l’objet d’injection d’eau.
Le liquide est ajouté afin d’augmenter le poids de la viande et donc son prix. Selon le journal, des antiseptiques peuvent être ajoutés au même moment.
L’eau, souvent non traitée, peut être polluée et contenir des résidus de déchets industriels. Dans certains abattoirs, des produits chimiques, tels que l’atropine, sont utilisés pour dilater les veines des animaux afin d’injecter une quantité plus importante d’eau.
L’eau peut être administrée dans l’estomac des bovins et porcs juste avant l’abattage ou injectée dans leur coeur juste après. La seconde technique permet de répartir le liquide dans tout le réseau sanguin des bêtes.
En Chine, l’injection d’eau dans la viande a commencé au milieu des années 80, alors que l’état venait d’abandonner son monopole sur les abattages. Des entrepreneurs de Canton ont commencé à utiliser la technique, qui existait déjà dans certains pays occidentaux, avant qu’elle ne se généralise à l’ensemble du pays.
Photo : Dominic Rivard – Creative Commons