La China Central Academy of Fine Arts (CAFA) de Pékin présente au public 130 oeuvres du photographe français Marc Riboud qui fut l’un des premiers Occidentaux à pénétrer la Chine de Mao et à y revenir régulièrement à partir de 1957.

A travers les séries « chinoises », mais aussi des photos prises en Afrique, en Amérique, en Europe et en Extrême Orient, sont retracées 50 années de carrière d’un des photographes les plus emblématiques du XXe siècle.
L’exposition, qui se tient dans le cadre du festival Croisements, s’ouvre avec « Le peintre de la Tour Eiffel », une photo qui, prise en 1953 et publiée par Life Magazine, a fait le tour du monde.
Perché sur la structure métallique du monument, un peintre équilibriste aux allures de Prévert, chapeau sur la tête et clope au bec, semble danser au-dessus de Paris. Plus loin, d’autres incontournables dont la célèbre « Jeune fille à la fleur » montrant une manifestante pour la paix au Vietnam qui, dans un geste de prière, tend une fleur à des soldats en armes (Washington, 1967).
Mais, le fil rouge du parcours, c’est la Chine, à laquelle la moitié des tirages exposés est consacrée.
Marc Riboud y est venu plus d’une vingtaine de fois en cinquante ans et a sillonné le pays en tous sens. Les détails de la vie quotienne des villes et des campagnes maoistes cotoient les scènes de rue de Shanghai au début des années 2000, les portraits des gens ordinaires ceux des dignitaires (Mao et Zhou En-Lai).
« C’est un peu comme entrer dans un livre d’Histoire » confiait une jeune chinoise à un ami devant la photo d’un spectacle de casseur de pierres (Pékin,1957), une attraction d’un autre âge.
La rétrospective Marc Riboud tient effectivement d’une balade dans un mythe. Ses travaux ont pour eux la force du témoignage et tiennent lieu de mémoire dans un pays peu photographié à cette période-là. Les premières séries chinoises de 1957 et 1965 notamment, regorgent de photos devenues des icônes : Trois petites filles dans une rue de Pékin en hiver (1957), le repas à la cantine de l’aciérie (1957), l’ingénieur devant ses téléphones (1957), Liulichang (1965)…
Mais le parti pris de l’exposition n’épouse ni la perspective historique, ni la cohérence du documentaire. L’accrochage bouleverse le fil chronologique et bouscule la géographie.
Les époques et les lieux se télescopent créant des rapprochements inattendus ou, au contraire, des contrastes saisissants. Ainsi, le long tronc d’arbre que porte sur sa tête un nigérien à vélo (1963) fait écho aux baguettes de pain dans les bras d’un parisien (1975), la belle endormie du métro de Tokyo (1958) rappelle les courbes sensuelles d’une paysanne dans un train pour Guangzhou (1957), les jeux des enfants au bord d’une plage du Ghana (1960), d’un fleuve de Thaïlande (1969) ou d’une rivière française (1953) s’opposent au bataillon de futurs gardes rouges avec leurs fusils en bois (Shenyang, 1965) et au garçon au pistolet (Afghanistan, 1955).
Seule la très esthétisante et contemplative série « Huang Shan » (Montagnes jaunes), des paysages d’estampes pris en 1985 est présentée dans son unité initiale, dans une petite salle à part
Et d’un continent à l’autre, ressortent le gôut des lignes pures et graphiques, un œil tendre et humaniste avec, en leitmotiv, l’humour et la fantaisie.
du 23 avril au 6 juin
CAFA
No 8, Huajiadi Nan Jie, Chaoyang District, 100102 Beijing
Tél : 10 64 77 16 99