Désireux de prémunir les mineurs contre les informations jugées « obscènes », Hong Kong a organisé une grande consultation publique pour réflechir à une régulation. Une initiative contestée.

Le scandale Edison Chen – cet acteur hongkongais dont les photos torrides s’étaient retrouvées étalées sur le net en février dernier – n’a pas seulement enflammé l’esprit des internautes, il a aussi décidé les autorités locales à se montrer plus sévères vis-à-vis des contenus obscènes et indécents circulant dans les magazines de divertissement et les nouveaux médias.
Résultat, une grande consultation publique a ouvert ses portes début octobre à Hong Kong à l’initiative du sous-secrétaire au commerce Greg So.
Système de filtrage, accès payant, identification des visiteurs, amendes, autant de pistes sur lesquelles des professionnels et l’opinion publique seront amenés à réflechir jusqu’en janvier prochain pour trouver ensemble une solution.
« Jusqu’à présent, la régulation des contenus obscènes et indécents reposait sur la coopération entre les fournisseurs d’accès internet et le gouvernement, et on peut seulement les inciter à supprimer les choses obscènes. On verra si on garde ces pratiques au cours de la consultation », a expliqué au South China Morning Post Maisie Cheng Mei-sze, de la commission des licences audiovisuelles.
Mais à peine entamée, cette initiative compte déjà de nombreux détracteurs.
Entorse à la liberté d’expression
Pour certains, l’idée de définir ce que recouvre le mot « obscène » pose problème. « Dire que quelque chose est indécent ou non, c’est comme de dire si un enfant est vilain ou non. C’est très arbitraire… Les monologues du vagin parlent de vagin, est-ce que c’est pour autant indécent? », dit ce commentaire, repris sur le site Global Voices.
Même son de cloche dans le quotidien hongkongais Ming Pao qui interpelle ses lecteurs : « Est-ce systématiquement considéré comme indécent de montrer des seins? (…) Les sites sur le Tibet ou le Xinjiang doivent-ils être vidés de leur contenu violent? »
Ces questionnements reflètent au final la grande crainte partagée par la plupart des opposants à cette initiative, celle de voir bientôt l’introduction sur la toile hongkongaise d’un système de censure à la chinoise.
« La Chine investit d’énormes ressources et mobilisent des dizaines de milliers de policiers sur Internet pour bloquer les informations nuisibles. Si on accepte (une régulation), la liberté d’information sur Internet sera la même qu’en Chine », poursuit le quotidien hongkongais.
« Le gouvernement recommande de priver les fautifs d’accès internet (…) Même la Chine n’empêche pas les dissidents d’utiliser internet pour diffuser des informations, au pire elle les arrête après coup! », extrapole un internaute.
Cette levée de bouclier a conduit Greg So à préciser dans une intervention à la radio le 5 octobre que ces propositions ne porteraient pas atteinte à la liberté d’expression mais tenterait de trouver un équilibre entre la libre circulation des informations et la protection des mineurs. La discussion est ouverte.