Le président sortant, candidat du Kuomintang et artisan du rapprochement Pékin-Taïpei, a été réélu avec 51,6% des voix, une victoire moins nette que lors de son premier mandat, commencé en 2008.

Bus décorés aux couleurs des candidats, murs tapissés d’affiches, tracts militants dans les poubelles… Les restes d’une campagne électorale bouillonnante sont encore visible à Taïwan, et les résultats des élections présidentielles et législatives ont été officialisées samedi dans la soirée.
Ma Ying-jeou, président sortant et candidat de la coalition bleue a obtenu 51,6% des voix et est donc reconduit pour dernier mandat de quatre ans. « Ce n’est pas une victoire personnelle, c’est la victoire des Taïwanais et la victoire de la voie de l’intégrité, de la prospérité et de la paix« , a-t-il déclaré devant ses militants. Peu après, Tsai Ing-wen a concédé sa défaite et celle du Parti progressif démocrate, qui mène la coalition verte.
Les sondages faisait présager des résultats très serrés, mais Ma l’emporte tout de même avec plus de 790 000 voix d’avance. La coalition verte, après avoir reconnue sa défaite, a insisté sur est le recul du score du Kuomintang par rapport à 2008, où il l’avait emporté par plus de 17%. La majorité perd aussi quelques sièges au Parlement : elle n’en conserve que 64 sur 113, contre 81 auparavant.
Pékin s’est gardé de tout commentaire officiel, mais l’agence Xinhua a diffusé un message saluant «la victoire de Ma Ying-jeou et du Kuomintang », qui pourrait « présenter de nouvelles opportunités pour le développement pacifique des relations à travers le détroit» de Formose. Elle demande au passage à tous les Taïwanais de soutenir cette amélioration, rapporte l’AFP.
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Elu sous les couleurs du parti nationaliste Kuomingtang et de sa coalition bleue, Ma est le grand artisan du rapprochement Taïpei-Pékin des dernières années : ouverture de vols directs, arrivée massive de touristes continentaux, échange d’étudiants ou de pandas et rhétorique « Grande Chine » qui pave le chemin de la réunification… C’est surtout les accords économiques ECFA qui ont scellé cette détente. Signés en 2010, ils ont permis l’abaissement des barrières commerciales, avec pour résultat un accroissement de plus de 36% des échanges dans le détroit de Formose en un an, mais aussi une plus grande dépendance de l’île au géant chinois.
La victoire de Ma montre la volonté des Taïwanais de continuer cette politique, même si l’opposition dénonce la dépendance accrue du pays à son gigantesque voisin, et ses conséquences en matière de souveraineté. Si Pékin a très peu commenté une élection illégitime à ses yeux, aucun doute ne plane sur son soutien aux nationalistes de Ma Ying-jeou.
Le poids chinois et l’arme économique ont donc porté leurs fruits. Les compagnie taïwanaise, qui pour beaucoups produisent et exportent en Chine n’ont cessé de relayer le message de Pékin pendant la campagne : Une victoire des verts aurait causé « inévitablement une menace sur le développement pacifique de nos relations », comme avait prévenu récemment le porte-parole du Bureau des Affaires Taïwanaise, à Pékin. La Chine est le premier partenaire commercial de Taipei, et les 145 milliards de dollars d’échanges annuels représentent beaucoup d’emplois sur l’île.
Les Etats-Unis, alliés historiques de Taïpeï, peuvent aussi se félicité de se résultat : l’indépendantisme de la coalition perdante aurait causé des troubles dans la relation Washington-Pékin.
Indépendant de fait, Taïwan n’est reconnu que par une minorité d’Etats et siège dans les organisations internationales seulement en tant qu’observateur. Une relative faiblesse due à la pression diplomatique exercée par la Chine Populaire, qui la considère comme une de ses provinces. Cela n’a pas empêché l’île de connaître un développement économique remarquable depuis que les forces nationalistes chinoises s’y sont repliées en 1949. Cela ne l’a empêché non plus de devenir une démocratie très active avec la fin de la dictature, en 1994.
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Ça coûte bien moins cher d’acheter des voix, c’est ainsi la nouvelle démocratie à la chinoise!
Quoi ? Mais Taiwan est une vraie démocratie, et vu sa taille, sûrement plus performante que certaines démocraties occidentales.
0/20 pour ce troll sans argumentation, pertinence, cohérence ni crédibilité.
N’imaginez pas un seul instant que le gouvernement de Pékin soit composé de bisounours bienveillants à l’égard de Taïwan: tous les moyens sont bons pour la conquérir. Vous même êtes bien innocent. Quant aux arguments, vous devriez savoir qu’un conflit armé coûte très cher et que récupérer l’île par la ruse est bien plus rentable. En revanche arriveront-ils à leurs fins ? ça c’est une autre question.
Oui, sauf que le Kuomintang n’est pas « acheté », comme vous le prétendez. Pékin a fait pression pour que les gens votent pour, car il est favorable au maintien du statu quo et à terme, pas opposé à la réunification, mais n’oubliez pas qu’il s’agit du parti qui a permis l’évolution de Taïwan vers une société démocratique, pas une sorte de lobby pro-Pékin vendu à l’étranger.
Et bien sûr qu’ils ne sont pas spécialement bienveillants à l’égard de Taiwan, mais dans le cadre d’une éventuelle réunification, ils n’auraient aucun intérêt à faire passer l’ïle directement sous contrôle gouvernemental sachant qu’il s’agit d’une zone extrêmement performante, active et productive. Un compromis façon Hong-Kong, ce qui a déjà été proposé, est infiniment préférable à une guerre, ça vous étonne tant que ça que les Taiwanais aient pu faire ce choix ? Pour vous, il y a besoin d’être « acheté » pour faire cette réflexion ?
Je suis favorable à l’indépendance de Taïwan pour la bonne et simple raison qu’hors de toute pression, c’est la volonté des habitants de l’île, mais je comprends que dans leur situation, ils fassent le choix du compromis. C’est tout.
Merci. Je retire ‘troll’, ‘sans argumentation’, ‘sans cohérence’ et ‘sans crédibilité’.
Merci pour ces précisions et votre courtoisie. Vous imaginez bien que je souhaite tout comme vous l’indépendance tout court de Taïwan donc plutôt sans Pékin et son statut « spécial », mais dans ce match se seront plutôt les USA qui sacrifieront un jour peut-être Taïwan à leurs intérêts ?
On est d’accord, donc… À ceci près qu’il l’ont déjà « sacrifiée » ! Ils n’interviendront (encore que…) que si Pékin tente une opération militaire pour reprendre l’île, mais la Chine a fixé la non-reconnaissance de Taïwan comme condition sine qua non pour avoir des échanges diplomatiques, c’est pourquoi il n’y a actuellement plus que quelques rares pays à maintenir des relations avec Taïwan, dont ni les pays européens ni les Etats-unis ne font partie, bien sûr.
Enfin, il faut espérer que la Chine connaîtra un adoucissement politique avec le passage de pouvoir générationnel (ce qui me semble probable), et ne pas oublier que les principaux adversaires de la paix ne sont aujourd’hui pas à l’est, mais à l’ouest.
Les Etats-Unis n’ont pas sacrifié Taiwan et n’ont aucun intérêt stratégique à le faire.
On l’a beaucoup oublié, mais l’une des conditions sine qua non de l’établissement des relations diplomatiques USA-Chine (et donc de la rupture formelle USA-Taïwan) a été l’arrêt définitif des bombardements chinois de Kinmen (Quemoy) qui n’avaient cessé depuis l’échec de l’assaut de 1958. Par ailleurs, les USA n’ont jamais cessé de fournir les moyens à Taïwan de se défendre, jusque tout récemment en modernisant ses F16.
Enfin, à l’heure où la Chine développe sa marine jusque là insignifiante et monte le ton dans ses revendications territoriales, il serait invraisemblable que les USA sacrifient un allié qui pourrait, si le pire survenait, être un bien commode « porte-avion incoulable » idéalement situé face à la Chine.
La non-reconnaissance est une chose, l’abandon du bouclier en est une autre.
Enfin, la démocratie taïwanaise tue l’argument selon lequel ce système de gouvernement serait incompatible avec la civilisation chinoise. Il ne reste que l’argument de la taille du pays, mais il est plutôt faible, car l’Inde et les USA sont dans les mêmes ordres de grandeur.
J’ajoute qu’il n’y a pas un seul pays voisin qui ne soit pas visé par des revendications territoriales basées sur les « fantasmes névrotiques » chinois, Tibet y compris.
Je ne savais pas, pour le soutien américain, mais merci pour ces précisions.
soutient, soutient, c’est vite dit. Si c’est pour s’en servir de porte-avion…