D’après une récente étude, un mariage sur cinq se termine en divorce en Chine, résultat notamment des comportements plus autonomes de la jeune génération. Pour les plus frileux, il ne s’agit que d’égoïsme.

L’histoire a fait le tour des médias chinois. Un peu plus tôt ce mois-ci, un homme s’est introduit muni d’un revolver dans la salle d’audience de Yongzhou, ville du centre de la Chine, tuant trois juges et en blessant trois autres. L’assaillant, Zhu Jun, 46 ans, était vigile dans une banque. D’après les éléments de l’enquête, celui-ci était « profondément en colère » contre le jugement qui avait été rendu dans le cas de son divorce.
Ce genre de fait divers n’arrive pas tous les quatre matins en Chine. En revanche, il est probable que le règlement d’affaires difficiles fasse désormais couler davantage d’encre dans la presse chinoise.
D’après un récent rapport du ministère des Affaires civiles, un mariage sur 5 s’est terminé en divorce en Chine en 2009. Moins de 10 ans plus tôt, en 2000, la proportion était de un sur sept. L’an passé, 1,71 millions de couples ont rompu, soit environ 10% de plus que l’année précédente.
Cette tendance est d’autant plus marquante que la culture chinoise s’est toujours montrée très réfractaire à l’idée du divorce, surtout s’agissant des femmes. Sans remonter jusqu’à des temps trop anciens – dans la Chine féodale, une femme divorcée était appelée « po xie » (vieille chaussure) -, il y a encore sept ans les couples devaient fournir une permission écrite de leur employeur ou de leur comité de quartier pour briser leur union. Il a fallu attendre 2003 pour qu’une loi de révision du mariage abolisse cette procédure, permettant aux couples d’obtenir un certificat de divorce en seulement une journée.
Persistance des vieilles mentalités
Education et hausse du niveau de vie aidant, les esprits s’émancipent. La Chine finalement ne fait que rattraper les wagons de la modernité.
A lire toutefois le nombre d’articles et de débats qu’a suscité le fameux rapport dans les médias chinois, cette hausse des divorces n’est pas sans susciter quelques inquiétudes.
Tang Jun, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales, attribue ces changements au comportement et à la façon de voir les choses de la génération d’enfants uniques née dans les années 1980.
« Ils sont mieux éduqués que leur parents, plus indépendants en matière économique et ont développé un sens plus aigu d’eux-mêmes, ce qui a tendance à briser les mariages plus facilement », explique-t-il dans le China Daily. L’homme prédit d’ailleurs la poursuite de cette tendance dans les prochaines années.
Mais quand certains parlent « d’indépendance », d’autres préfèrent le terme « d’égoïsme » ou « d’égocentrisme ». La télévision chinoise continue d’ailleurs de dépeindre le divorce comme une erreur, un acte égoïste ou une faiblesse.
Et le très officiel Quotidien du Peuple de se lamenter sur le fait que cette hausse des divorces ne fera que creuser la déliquescence du « leadership culturel (de la Chine) en Asie ».
D’autres n’ont pas attendu la publication de ce rapport pour jouer les redresseurs de torts. En mars dernier, Hei Xinwen, délégué à l’Assemblée nationale du peuple, avait proposé l’instauration d’une « période de refroidissement » obligatoire pour donner le temps aux couples sur la brèche de sauver leur mariage.
Pas d’affolement toutefois. La Chine est encore loin de son voisin sud-coréen où un mariage sur trois se termine par un divorce, le deuxième plus taux le plus haut après les Etats-Unis avec un mariage sur deux. Au japon, la proportion est de un sur quatre.
