S’installer comme artisan en Chine peut être une belle aventure. Nicolas Favard le prouve, même s’il a rencontré des difficultés: il est aujourd’hui joaillier à Pékin et ses bijoux se vendent bien. Il a réussi à diversifier sa clientèle qui ne se limite pas aux expatriés.

A une époque où les métiers d’artisans ne sont pas valorisés, le parcours de Nicolas Favard n’est pas banal. A 26 ans, il a déjà dix années de métier, dans trois pays différents. Ses matériaux : l’argent, l’or, le platine, les pierres précieuses, les perles … mais aussi à l’occasion le galuchat (peau de certains poissons, à mi-chemin entre le cuir et le minéral), le papier, la soie … Son métier : joaillier.
C’est à l’âge de douze ans, en classe de cinquième, que Nicolas découvre sa passion pour les bijoux. « Un professeur nous a demandé de réfléchir sur le métier qu’on souhaiterait exercer plus tard. C’est en lisant un article dans un livre que j’ai eu le déclic pour la joaillerie. »
Sous le regard d’abord inquiet, puis compréhensif de ses parents, il met tout en œuvre pour apprendre le métier. A l’âge de 15 ans, après les cours, il rend visite régulièrement à un joaillier de La Rochelle, sa ville d’origine, pour l’observer dans son travail. Petit à petit celui-ci lui prête ses outils, puis lui propose de travailler avec lui en alternance. Nicolas abandonne donc le circuit traditionnel des études pour travailler avec son maître. Il restera cinq ans dans cet atelier, cinq années pendant lesquelles il suivit également des formations en bijouterie, joaillerie, sertissage et gemmologie.
Fort de ce bagage technique, il passe ensuite une année à Paris, rue du Temple, le quartier des bijoutiers. Tout en travaillant dans un atelier, il suit des cours pour parfaire ses connaissances dans un domaine encore non exploré pour lui, la création. Après avoir appris à créer des bijoux, il apprend à créer les siens. Recherche, dessin, réflexion sur les formes, les matériaux, les couleurs des pierres, et toutes les associations qu’elles inspirent. Nicolas adopte un style contemporain avec des formes larges, rondes, brutes, des découpages et des gravures.
Puis Nicolas envoie sa candidature à une association qui organise pour les jeunes un programme d’échange dont l’annonce est simple, « Vous avez un métier en main, vous êtes disponible, et souhaitez vivre une expérience à l’étranger ». Son dossier est choisi, il s’envole pour Hanoi au Vietnam, et exerce six mois dans une entreprise qui travaille le diamant. « Ce fut une expérience extraordinaire, et j’ai voulu rester au Vietnam ». Il est embauché en tant que designer de la section bijoux d’une entreprise de décoration.
Mais son expérience vietnamienne s’arrête lorsqu’il décide de suivre son amie de l’époque à Pékin. « Les débuts à Pékin n’ont pas été très faciles, j’avais fait suivre mes outils mais je ne me sentais pas prêt à monter un atelier. Après avoir cherché un poste de designer en bijouterie, j’ai fini par donner des cours. Au départ j’ai du accepter de donner des cours d’anglais parallèlement aux cours de bijouterie. Puis heureusement j’ai pu abandonner les cours d’anglais, c’était pas mon métier ! » Donner des cours de bijouterie à des élèves chinois quand on arrive du Vietnam et qu’on ne parle pas le mandarin, pas si insurmontable assure Nicolas. « Les élèves reproduisent ce que je leur montre, la parole n’est pas une obligation dans ce métier ».
Il a ensuite monté son propre atelier dans le village d’artistes de Feijiacun. C’est lors d’une vente de Noël au WAB que Nicolas commence à vendre ses premières pièces à Pékin. La propriétaire du cottage Orchad repère ses créations et lui propose une vitrine dans la boutique adjacente au restaurant, ainsi qu’un poste de designer pour l’atelier bijouterie. « Depuis, le bouche à oreille fonctionne. Je vends à l’Orchad, également à Dashanzi, mais je réponds aussi à beaucoup de commandes. J’aime quand les gens viennent me voir à l’atelier, et m’expliquent ce qu’ils souhaitent. Une fois un homme est passé pour me parler de la personne à qui il voulait offrir une bague de fiançailles. A la fin j’avais l’impression de tout connaître de cette femme. »
C’est cette relation privilégiée avec son client que Nicolas apprécie le plus. Il ne crée que des pièces uniques, ou en très petite quantité pour les pièces en argent. « Ce qui me plait le plus dans un bijou c’est son caractère unique ». Alliances qui s’entrelacent ou gravées des moitiés d’un symbole que l’on découvre en entier quand on les réunit, bague de fiançailles sertie d’un jade couleur lavande, ou encore perle noire montée sur un pendentif or orné de galuchat … Chaque pièce raconte une histoire, celle de la personne à qui elle est destinée.
Et pour se rapprocher encore un peu plus de sa clientèle, il rêve de déplacer son atelier plus au centre de la ville, « dans un quartier de hutongs animé, pour que les gens puissent s’arrêter facilement à l’atelier, pour discuter, me regarder travailler, me parler de leurs envies».
Indications de prix :
A la commande : à partir de 1000 rmb
En boutique : à partir de 600 rmb pour une bague en argent
Pour le contacter :
[email protected]