Nouveaux dirigeants, mais même censure : les autorités chinoises ont décrété de nouvelles règles pour accéder à Internet en Chine.

Un nouveau tour de vis qui passe par l’enregistrement sous leur vrai nom de plusieurs centaines de millions d’internautes de plus en plus remuants.
Ces nouvelles règles, adoptées vendredi par le Comité permanent du Parlement chinois, sont une nouvelle tentative du gouvernement et du Parti communiste de renforcer les contrôles sur la plus grande population d’internautes au monde, qui a transformé les réseaux sociaux chinois en un espace de liberté relative.
Le gouvernement a été plusieurs fois confronté, en 2012, à des rumeurs malveillantes ou à des informations embarrassantes qui l’ont placé sur la défensive, parmi lesquelles :
- la gestion du scandale lié à Bo Xilai, le dirigeant du Parti communiste de la ville de Chongqing exclu et arrêté au début de l’année, ainsi que sa femme accusée de meurtre ;
- les nombreuses rumeurs autour de la disparition, pendant plus de deux semaines en septembre, du successeur désigné du président Hu Jintao, que certains attribuaient à une bagarre au sein du leadership, d’autres à un accident de sport…
- des affaires sexuelles ou de corruption à répétition liées à des dirigeants locaux, dont la plus célèbre est ce cadre du Parti dont un internaute a répéré la montre de luxe sur une photo et questionné son intégrité, déclenchant une « chasse aux montres » devenue un jeu populaire…
- ou de protestations civiques ou environnementales qui ont permis à plusieurs reprises de faire annuler des projets décidés par les autorités.
Le New York Times bloqué
Le gouvernement a carrément bloqué à l’automne la version chinoise du New York Times après une enquête très précise accusant la famille du premier ministre sortant, Wen Jiabao, de s’être considérablement enrichie pendant son mandat qui s’achève en février. Toute référence à cette enquête était supprimée des réseaux sociaux grâce à des logiciels de filtrage et l’action de la cyberpolice.
Désormais, les internautes devront fournir leur véritable identité à leur fournisseur d’accès internet, même s’ils conserveront la possibilité d’utiliser des pseudonymes en ligne. Le gouvernement espère ainsi décourager les activistes chinois de s’exprimer anonymement sur Weibo, le « Twitter chinois » qui compte plusieurs centaines de millions de comptes.
Les fournisseurs d’accès auront également des pouvoirs étendus pour censurer – ou « harmoniser » comme disent ironiquement les internautes – les contenus des internautes en fonction de listes d’interdits mises à jour en permanence par le département de la propagande du Parti communiste et les services de cyberpolice.
En défendant ces mesures, les officiels chinois ont souligné qu’il y avait sur la toile de nombreuses informations personnelles diffusées sans l’autorisation des intéressés, une manière de s’abriter derrière les débats sur la vie privée sur Internet pour renforcer des contrôles avant tout politiques.
Course de vitesse
Depuis l’introduction d’Internet en Chine, à la fin des années 90, une course de vitesse est engagée entre une population de plus en plus audacieuse d’internautes, dont beaucoup sont passés maîtres pour contourner les interdits, et des autorités qui ont toujours un coup de retard dans leur tentative de contrôle des contenus échangés et des informations qui circulent de manière virale sur les réseaux sociaux.
L’apparition de nouveaux réseaux, d’abord Weibo, qui fonctionne comme Twitter et compte déjà plus d’inscrits que son équivalent américain, ou depuis peu WeChat, un service d’’échange de messages sonores ou vidéo en quasi-instantanéité, rendent ces contrôles toujours plus difficiles.
Ces mesures donennt au moins une indication : ce n’est pas du côté de l’allègement des contrôles et de la censure qu’il faudra attendre la nouvelle équipe dirigeante conduite par Xi Jinping, déjà nommé numéro un du Parti, avant de prendre en février les rênes de l’Etat.
De notre partenaire Rue 89
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Si je suis bien, au terme de ces centaines de tours de vis successifs sur l’internet chinois, c’est seulement maintenant que l’on doit en Chine fournir une identité pour établir une connexion auprès d’un FAI… Ha que c’est dur !
On en apprend.
Le prochain tout de vis, ce sera qu’il faille présenter un justificatif de cette identité ?
(« Nouveau tour de vis de la censure chinoise sur Internet »+ »Désormais, les internautes devront fournir leur véritable identité à leur fournisseur d’accès internet »)
Et ces « pouvoirs étendus », c’est quoi au juste ?
Bref, où est le contenu informatif de cet article ?
Il en faut quand même un petit peu, du contenu informatif…
Tu n’as rien compris, Jean. On doit depuis toujours fournie son identité au FAI. Mais maintenant, en plus, on doit la donner sur le moindre forum chinois. Essayons de ne pas dire n’importe quoi juste pour se donner bonne conscience d’être un supporter de la dictature…
Moi rien compris mais quand même savoir lire la France.
Ce que tu dis est différent de ce qui est écrit. Si tu le dis sur la base de sources d’information fiables, tu devrais comme moi être insatisfait de cet article qui minimise la réalité du fameux tour de vis.
« Désormais, les internautes devront fournir leur véritable identité à leur fournisseur d’accès internet, même s’ils conserveront la possibilité d’utiliser des pseudonymes en ligne. »
Je ne défend rien. Je n’aime simplement mas qu’on me prenne pour un imbécile. Si je vois écris « tour de vis » dans le titre, je veux le voir dans l’article. Sinon, j’ai le sentiment qu’on veut me tromper.
Libre à qui voudra de gober les titres et d’être convaincu sans prendre la peine de lire la suite, mais je doute que la lutte contre la dictature puisse être servie par l’abandon de l’esprit critique.
Ah oui, remarque, le papier n’est pas fameux, en effet… C’est sérieux pourtant Rue 89 ?
Je ne sais pas.
Attendez…. l`obligation de fournir sa vraie identité, sur Weibo, ne date pas du 16 mars 2012 ?
Tu veux dire que sur Weibo on n’a plus droit d’utiliser un pseudo depuis mars dernier ?
En fait, je ne comprend même pas bien ce que ça change si on a déjà donné son identité pour avoir l’IP.
Et je ne comprend pas comment ça se passe concrètement.
Exemple : QQ. Pour s’inscrire et ce depuis des années, il faut fournir un numéro de carte d’identité chinoise. Or, je ne peu en avoir, n’étant pas chinois. Mais on trouve sur la toile des numéros que le site peu considérer comme étant une identité. Bref, le contrôle est purement théorique. N’importe qui peut obtenir un compte QQ et même plusieurs, sans révéler son identité.
Quelqu’un sait comment ça se passe sur Weibo ?
@Jean : le fait que les gens soient identifiables via leur IP ne suffit pas pour censurer efficacement. Typiquement sur un réseau social comme Weibo, il faut que tu sois identifiable par ton compte. Sinon, il te suffirait d’aller écrire n’importe quoi depuis un wifi libre accès pour être tranquille…
Quand aux fameuses mesures, elles ont bien été annoncées et tout le monde en parle, mais il s’agit principalement d’une mise sur papier de ce qui se faisait déjà : l’identité communiquée auprès des FAI, la suppression des messages « illégaux », etc.
La seule chose qui a peut-être changé, c’est que les FAI entrent officiellement dans la danse, et le gouvernement est maintenant officiellement en droit de leur demander de surveiller ce qui se passe sur leur réseau, de supprimer des données « illégales » envoyées par un utilisateur sur la toile, d’en garder une copie en guise de preuve, et d’avertir les autorités. Mais bon, là aussi ça se fait probablement déjà depuis des lustres.