Chaque année, on estime à au moins huit millions le nombre de personnes qui décèdent dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants où l’agriculture, l’industrie et les villes se disputent déjà âprement les terrains disponibles. Alors que la loi impose à tous la crémation, seulement 48% des morts l’ont été l’année dernière, contre 53% en 2005, selon les chiffres officiels.

Décédé l’an dernier à 73 ans, Gao Fuxiong repose pour l’éternité dans une urne de la taille d’une boîte à chaussures placée dans un mur, une inhumation originale pour la Chine, où la diminution de la taille des cercueils est une tendance montante pour pallier le manque de terrains.
« Mon père était en avance sur son temps et quelqu’un de moderne. Il ne voulait pas utiliser les méthodes d’inhumation de l’ancienne société », affirme sa fille, Zhou Ying.
La dernière demeure de l’ingénieur Gao, au milieu d’un cimetière au nord de Pékin, tranche indéniablement avec les tombes imposantes et voyantes voulues par la tradition.
Selon elle, un mort ne peut trouver le repos éternel que s’il est enterré intact et dans une tombe, la plus grande possible pour être rejoint par d’autres membres de sa famille.
Il s’agit d’une inhumation dans un mur, « bizang » en chinois: la petite boîte contenant les cendres du défunt est placée dans un mur de trois mètres de haut.
Dotée de la plus grande population au monde, la Chine doit en effet innover, car elle ne peut plus guère offrir à ses morts, par manque de place, des tombes imposantes.
« Notre population est un gros problème. Les tombes prennent de plus en plus d’espace chaque année et c’est une question à laquelle nous devons faire face », explique Zhang Qing, un des responsables du département de gestion des cimetières de Pékin.
Chaque année, on estime à au moins huit millions le nombre de personnes qui décèdent dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants où l’agriculture, l’industrie et les villes se disputent déjà âprement les terrains disponibles.
Ainsi, des cimetières proposent de placer les cendres des défunts sous une plaque au pied d’un arbre. Il existe également des voyages pour disperser les cendres dans la mer.
Dans le sud de Pékin, le cimetière de Changpingyuan, qui ressemble plus à un parc avec pelouses et arbres, offre la plupart de ces nouvelles méthodes, pour des prix allant de 2.000 à 10.000 yuans (de 194 à 970 euros).
Selon Zhang Qing, certains s’y laissent prendre et viennent s’y promener sans se douter de sa fonction première.
« Les cimetières traditionnels sont laids, mais ici il y a de l’herbe et des arbres, c’est un joli environnement pour ma mère », dit Liu Fan, une femme de 75 ans.
Mais certaines habitudes ont la vie dure… Alors que la loi impose à tous la crémation, seulement 48% des morts l’ont été l’année dernière, contre 53% en 2005, selon les chiffres officiels.
Certains spéculateurs en profitent et proposent au plus offrant des lieux d’inhumation en dehors de Pékin à 2.500 yuans (250 euros) par mètre carré, soit 15 fois plus qu’il y a dix ans.
Le coût d’une funéraille de qualité va jusqu’à 20.000 yuans (1.940 euros) dans les principales villes, selon les médias chinois.
Le phénomène a entraîné récemment de nouvelles mesures du gouvernement qui a limité l’achat de concessions à ceux pouvant présenter un certificat de décès.
« Certains cimetières ont spéculé de manière illégale sur les concessions. C’est contraire à l’intérêt public et a déclenché des protestations générales », a indiqué un communiqué du gouvernement en avril.