Alors que les pavillons chinois, japonais, britannique ou français sont pris d’assaut par des hordes de visiteurs, celui de ce petit pays enclavé d’Afrique attire moins de monde. Mais les visiteurs chinois y découvrent avec curiosité un état souvent méconnu.

« Mzuzu, Mzuzu,… ». Assis depuis quelques minutes sur un banc dans l’immense pavillon commun des africains de l’Exposition universelle, Peng Yong Ping répète avec étonnement ce nom qu’il reconnaît ne jamais avoir entendu auparavant, ni d’ailleurs celui du stand : « Malawi ». Lorsqu’on lui demande s’il y est déjà allé, ce jeune chinois originaire de la province du Hunan monté à Shanghai afin de trouver un emploi répond « non » avec un grand sourire.
Irait-il ? En retour, il demande : « Ca coûterait combien pour y aller depuis Shanghai ? A mon avis ce serait trop cher ».
Assis à côté d’un ami de la province du Jiangxi venu avec lui pour la journée sur le site de l’Exposition, il lit avec intérêt le panneau accroché en face du banc qu’il occupe, épuisé après avoir longuement attendu sous un soleil de plomb pour avoir le privilège d’entrer quelques minutes dans le petit mais étonnant pavillon britannique, situé à deux pas.
« Mzuzu est la principale ville du nord du Malawi. Située dans une région vallonnée, la ville de Mzuzu est à la limite géographique du plateau d’Uiphya et connaît un climat frais et des précipitations réparties tout au long de l’année ».
« La culture et l’industrie du café sont les principales activités de Mzuzu » lit-on sur le panneau.
Situé dans dans un angle à gauche de l’entrée du pavillon africain, jouxtant le Zimbabwe ou trône un portrait de Robert Mugabe, le modeste stand malawite fait dans le minimalisme : sur les murs, des panneaux offrant une description des plus grandes villes du pays : Lilongwe, Blantyre, Zomba et Mzuzu. Et au centre, un aquarium en verre dans lequel s’agitent des poissons rouges auxquels tiennent compagnie quelques poissons exotiques. Sur un écran, des images de danses locales et d’animaux sauvages.
Alors qu’il faut patienter des heures pour entrer dans le pavillon américain ou thaïlandais et jusqu’à une demi-journée pour avoir la chance d’entrer dans l’imposant pavillon de la République populaire de Chine, qui domine l’ensemble du site, pas de soucis pour accéder au pavillon du Malawi.
« Combien de personnes par jour ? » tente de répondre M. Wyse, Malawite installé depuis un an à Shanghai afin de préparer l’événement tant attendu des Chinois. Il n’en a pas la moindre idée. « Mais depuis ce matin, plus de 400 000 personnes sont entrées sur le site de l’Expo, ça fait 14 millions depuis le 1er mai » dit-il.
« Bien sûr, nous recevons moins de monde que les grands pavillons, poursuit-il, les gens ont leur propre perception. Ils connaissent l’Angleterre, le Japon ou la France mais rarement le Malawi. Ici, ils se promènent, ils entrent, ils sont curieux de voir ce qu’il y a chez nous. »
« Parfois, ils demandent à prendre une photo avec moi, probablement parce que je suis noir de peau, beaucoup ne sont pas habitués, surtout ceux qui ne viennent pas de Shanghaï, c’est marrant ».
Lui-même s’est mis au chinois en arrivant dans la mégapole, qui comptera bientôt cinq millions d’habitants de plus que son pays.
« En fait, ce qui intéresse le plus les visiteurs c’est d’avoir le tampon du Malawi sur le carnet qu’on leur distribue à l’entrée du site ». Alors le seul endroit où l’on patiente un peu sur le stand du Malawi est le bureau ou un employé tamponne les passeports de l’Exposition.
M. Wyse a parfois des questions de visiteurs plus intéressés par les affaires. « Certaines personnes me demandent quel type de business ils pourraient faire avec notre pays » dit-il, tout en saluant un groupe de visiteurs en partance pour l’Ethiopie.
