S’il est un pays où le gouvernement se préoccupe de ses jeunes, c’est bien la Chine. La preuve : soucieuses de leur bien-être, les autorités de la capitale ont décidé qu’elles allaient désormais leur apprendre…à aimer!

Après le Yunnan, qui avait lancé en septembre dernier un cour de chasteté, c’est au tour de Pékin de prendre en main les relations intimes des étudiants.
La commission de l’éducation de la capitale vient en effet d’annoncer qu’un cour intitulé « psychologie des étudiants », actuellement en option, va devenir obligatoire, et sera agrémenté de contenus sur « les compétences relationnelles » et sur la « confusion concernant l’homosexualité ».
Ce cours se basera sur un livre contenant neuf chapitres traitant de divers aspects de la vie, le but étant, selon les médias chinois, de régler les problèmes psychologiques des jeunes, qui seraient de plus en plus fréquents.
Le chapitre 4, qui s’intitulera « le bonheur commence par apprendre comment aimer« , devrait apprendre aux étudiants à « comprendre le sens de l’amour… et apprendre à exprimer, accepter, rejeter, maintenir et laisser aller l’amour« . Le sujet jusque là tabou de l’homosexualité y sera également évoqué, sans que l’on sache exactement sur quel ton.
« La façon de maintenir une relation devrait être une grande leçon de l’université, et beaucoup ne savent pas comment avouer leur amour, (…) ce qui peut amener à des cas extrêmes, comme le suicide. Ils devraient participer à plus de pratiques expérimentales, comme des jeux de rôle« , assure Xiong Hangzhong, enseignant en « psychologie des étudiants » à l’université normale de Pékin, au Global Times.
Pourtant, malgré cette bonne volonté affichée, l’idée d’apprendre l’amour en classe fait quelques sceptiques. « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire en amour, estime une étudiante de l’université de Qinghua dans le South China Morning Post. Si le sujet est enseigné de façon formelle en cours, cela sera comme imposer (aux élèves) une vision formatée de l’amour« .
Le Bonheur, nouvelle obsession du gouvernement
Cette volonté d’apprendre l’amour aux élèves s’inscrit sans doute dans la nouvelle ligne des autorités chinoises, désormais officiellement préoccupées par le « Bonheur » de leur peuple.
Lors de l’Assemblée Nationale Populaire, en mars dernier, le concept à été maintes fois mis en avant, presque au même titre que « l’harmonie » tant prônée par le président Hu Jintao. Le nouveau plan quinquennal adopté par l’APN contient même une feuille de route pour atteindre une « Chine heureuse », passant notamment par la réduction de la croissance du PIB.
L’idée de promouvoir le Bonheur s’est récemment répandue dans le pays comme une trainée de poudre. Ainsi, la province du Guangdong a déclaré qu’elle voulait devenir « l’heureuse Guangdong« , alors que Pékin a affirmé sa volonté de rendre la vie « heureuse et glorieuse » à ses citoyens, et que la municipalité de Chongqing affiche comme ambition d’avoir le peuple « le plus heureux du pays ».
Rendre son peuple heureux est une ambition louable. Mais le PCC arrivera-t-il à son but en tentant d’imposer ses conceptions de l’amour, du bonheur, ou du succès?
Car c’est bien ce qu’il semble tenter de faire, en muselant systématiquement les voix dissonantes -avec un soin tout particulier depuis les « révolutions de jasmin ».
Or, pour être efficace, le contrôle doit commencer le plus tôt possible. Ainsi, l’université de Pékin, connue pour son passé social, a récemment créé la controverse en annonçant qu’elle généraliserait bientôt un « programme de consultation » auprès de ses étudiants.
Afin de les « aider », l’université recensera dès lors ceux qui feront montre d’un éventail de comportement, parmi lesquels « pensées radicales », « fragilité psychologique », et « excentricité ».
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Tres interessant.
J’aimerais bien feuilleter le livre. Je ne sais pas concretement quel sera l’angle d’approche, mais il faut reconnaitre que cela correspond a un besoin urgent. Il n’y a d’ailleurs sans doute pas lieu de s’inquieter de l’angle d’approche. Ce genre de sujet, ce qui compte c’est d’en parler et chacun arrivera a se former sa vision. La famille chinoise n’est en general pas un lieu de discussion de la vie sentimentale-amoureuse-sexuelle. Les jeunes n’ont aucune envie de demander a leurs parents. Ils ont souvent une seule envie : ne pas repeter ce qu’on fait leurs parents. Mais entre savoir ce qu’on ne veut pas et savoir ce qu’on veut, il reste un long chemin de maturation. Et je trouve la phrase « le bonheur commence par apprendre comment aimer » vraiment juste. Si loin de la tradition confuceenne, si proche de la tradition judeo-chretienne, et meme exacte copie d’un courant de la philosophie grecque ( Aristote et son traite de l’ethique qui commence par : les hommes cherchent tous a etre heureux, la question est comment y arriver, et qui s’acheve par l’amitie, source de bonheur).
Bref je m’y retrouve tout a fait !
C’est ça… « Tres interessant »…. « Bref je m’y retrouve tout a fait »
T’es libre d’apprécier, mais si on sort 2 secondes les mots du contexte chinois, on obtient le discours de « quelqu’un » qui prêche l’harmonie et le bonheur pour tout le monde, qui veut « nous » apprendre à aimer et qui, il n’y a pas longtemps, n’hésitait pas donner des conseils définitifs en matière de sexualité.
Avec ça, tu as déjà la base d’une secte….
Que ce soit un gouvernement qui agisse comme ça n’a rien de rassurant pour ceux que la notion de moule révulse…
Mais tu es libre d’apprécier d’être formaté…
Ce qui est rassurant, c’est qu’il y aura toujours des réfractaires à l’harmonie et au bonheur imposé: les artistes déjà pour commencer…