Plus des deux tiers des Chinois déclarent avoir eu des relations sexuelles avant le mariage mais la sexualité reste un sujet tabou et le manque de prévention persiste.

La déesse de la chasteté n’aura peut-être pas trouvé un mari à déflorer sur Weibo, mais elle a eu le mérite de réveiller des questions endormies.
Il y a quelques semaines une inconnue de plus devenait illustre sur le Twitter chinois en faisant la promotion de l’abstinence avant le mariage, et en se lançant officiellement à la recherche d’un prince charmant de 40 ans toujours chaste, qui voudrait bien l’épouser à la condition de ne pas entacher sa virginité quelques années de plus.
A la lecture des dizaines de milliers de commentaires, dont beaucoup se débarrassent des tabous habituels sur la question, on se rend aisément compte que les Chinois ne partagent pas, pour la plupart, les exigences de pureté de l’éternelle célibataire. Les langues se délient, et pourtant, peu d’études ont été réalisées sur les mœurs sexuelles dans le plus grand pays du monde.
Des Chinois moins prudes
Le magazine Insight China, rebondissant sur ce buzz publie une enquête au cours de laquelle ont été interrogées 1013 personnes dont 56% d’hommes et 44% de femmes, tout milieux sociaux confondus. Et les résultats sont étonnants : à l’instar de l’économie ou du niveau de vie, les mœurs chinoises ont subi une petite révolution durant la dernière décennie.
71,4% des Chinois ont déclaré avoir eu des relations sexuelles avant le mariage, une explosion par rapport aux derniers chiffres datant des années 90. Seul un quart des sondés considèrent que les relations prémaritales « inacceptables et immorales » pas plus de 17,8% chez les hommes.
A noter tout de même que 70% des personnes interrogées ont entre 20 et 39 ans. L’enquête ne précise d’ailleurs pas si ces chiffres s’appliquent aussi bien pour les ruraux que pour les citadins.
Une sexualité plus assumée
En 1989, seuls 15% des sondés avaient révélé avoir eu des relations intimes avant de convoler, 40% en 1994. S’ils sont aujourd’hui plus de deux tiers, c’est surtout qu’ils hésitent moins à en parler.
« A l’époque c’était un tabou, mais on subissait même une pression pour ne pas s’aventurer dans des relations explique Fang, la trentaine. » Dès que je m’approchais d’un garçon, un professeur ou un proche venait me dire de faire attention. »
Cette Pékinois à elle-même attendu longtemps sa première expérience. « Maintenant quand je vois les adolescents et les jeunes d’une vingtaine d’années, c’est évident qu’ils sont plus libérés. Je pense que l’ouverture de la Chine sur la culture étrangère, et notamment les série télé américaines ont eu un grand impact ».
Le recul des tabous s’observent notamment sur internet; sous l’annonce de la déesse de la Chasteté, des centaines de Chinois confient leurs expériences et assument leurs choix. Sur les 20 000 internautes qui ont répondu à un questionnaire proposé par le portail SINA, c’est plus de 80% qui admettent avoir eu des relations prémaritales. Des résultats à relativiser sachant que 79% des internautes qui se sont prêtés au jeu étaient des hommes.
Education sexuelle sur internet
Pour Li Yinhe, le sexologue qui a mené l’étude de 1989 « Le but du sexe a changé. Donner naissance n’est plus la seule raison valable » admis par la société.
En Chine, comme partout ailleurs, les jeunes s’intéressent de plus en plus tôt à la sexualité mais les lois du pays n’autorisent pas le mariage avant l’âge de 20 ans pour les hommes et de 22 ans pour les femmes. De quoi les inciter à renoncer aux vieux principes de leurs ainés pour expérimenter les plaisirs de la chair hors de toute bénédiction.
« Il y’a un fort désir sexuel durant l’adolescence avant que les gens n’atteignent l’âge du mariage et la puberté a tendance a débuté plus tôt aujourd’hui » explique le sexologue.
Cette enquête met également en avant un triste constat. Les mœurs ont certes évolué mais l’éducation est à la traine. Ni le système scolaire – seulement 9% des sondés ont été informés sur le sexe à l’école – ni le cercle familial – 1,5% seulement – ne semble être des environnements propices à l’information sur la chose sexuelle avec plus de la moitié des sondés qui admettent leur manque d’éducation sur la question.
Les sources d’information sont alors variées. Internet s’impose en première place suivis de près par la porno malgré la censure.
“ Durant ma génération, on en parlait ni en famille, ni à l’école et encore moins avec les amis”, explique Fang.
Le gouvernement ne semble pas lutter suffisamment contre ces tabous, et pourtant, le sujet est important. 50,7% des personnes interrogées déclarent ne pas s’être protégés lors de leurs premières relations sexuelles.
A lire aussi :
Qui épousera la déesse de la Chasteté chinoise ?
Les grandes ambitions du porno japonais
En Corée, il n’est plus interdit de promettre de se marier pour une aventure d’un soir
…
Suivez Aujourd’hui la Chine sur sa page Facebook et sur le Twitter @AujourdhuiChine
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
-
Envoyez cette page à un ami