Suite aux mouvement sociaux qui ont agité récemment les usines d’entreprises japonaises en Chine, celles-ci font le pari de la communication avec les employés locaux, et cherchent de nouvelles stratégies managériales pour se prémunir des conflits.

Dans la série de mouvements sociaux qui ont tourmenté ces derniers temps les managers d’un bon nombre d’entreprises multinationales sur leurs sites de production en Chine, l’entreprise Komatsu s’en est bien tirée.
Alors que les grèves qui se sont déclarées dans plusieurs usines de groupes étrangers, dont les japonais Toyota et Honda, se sont le plus souvent soldées par une amélioration des conditions de travail ou des salaires des employés, aucun débrayage n’a eu lieu dans les seize usines de Komatsu sur le territoire chinois.
Mais l’entreprise se souvient tout de même de « contentieux autour des questions du travail » survenus dans le passé, rapporte le Financial Times.
C’est pourquoi la direction de ce fabriquant d’équipements lourds pour le bâtiment ou l’exploitation minière a décidé de prendre des mesures pour se prémunir des conflits.
Le 29 juin dernier, l’entreprise annonce sa volonté de remplacer la totalité des managers de ses seize filiales chinoises par des locaux d’ici 2012.
Car si en Europe et en Amérique du nord, près de la moitié des managers de Komatsu sont déjà des locaux, seule une des usines de l’empire du milieu est pour l’instant gérée par un chinois.
Mais cela va changer : en 2012, la Chine devrait devenir le premier pays où l’entreprise embauche tout ses managers sur place.
Il faut dire que le marché chinois est de première importance pour Komatsu. Dans ce pays en perpétuelle construction, l’entreprise japonaise détient 20% du marché des pelles électriques.
Ne ménageant aucun effort, en plus d’embaucher des managers locaux, la direction prévoit également de mettre en place un système éducatif pour former le personnel chinois à sa culture d’entreprise.
« Puisque la plupart de nos employés sont locaux, c’est important d’avoir un fonctionnement qui permette de jauger leurs opinions, et d’améliorer la communication« , expliquait en juin un porte parole de l’entreprise.
Des cours de japonais pour les ouvriers chinois
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les mouvements de grève ont ravi l’entreprise japonaise Kyoshin Co.
Implantée dans la province industrielle du Guangdong, au sud de la Chine, l’entreprise y détient plusieurs écoles privées pour les collégiens d’origine japonaise.
Depuis les grèves, Kyoshin, qui a compris le besoin de communication des managers japonais avec leurs employés, a commencé à étendre son activité… sur les sites de production.
L’entreprise a déjà établi des partenariats dans 5 usines, et devrait bientôt obtenir deux contrats supplémentaires.
Ainsi, à Foshan, dans une usine du groupe Takagi Seiko, la direction a décidé de financer deux heures cours de japonais, trois fois par semaine, a ses employés.
Offrir des cours de langue « est à une façon pour les entreprises de montrer qu’elles s’occupent de leurs employés« , a expliqué Takashi Fujii, directeur de Kyoshin en Chine, au quotidien Asahi.
Sur cette chaîne de production de pièce détachées automobiles, la maîtrise du japonais pourrait également améliorer la productivité des travailleurs, en évitant la perte de temps due au recours à un interprète, selon la direction.
« Nous pensons fortement qu’ils seront enthousiasmés d’apprendre le japonais, assure Katsumi Nakura, vice-président de l’usine. Si nous renforçons les mesures sociales, telles que ces cours de japonais, nous pourrions les dissuader de partir« .
Alors, ces mesures seront elles suffisantes pour calmer les revendications grandissantes de la classe ouvrière chinoise? Peut-être pas, mais au moins, en cas de futur conflits, les négociations pourront peut-être se faire en japonais.
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