Un jeune Chinois a été condamné à 2 ans de prison pour avoir menacé de faire sauter la tour Jin Mao, une des plus emblématique de Shanghai. Ses motivations : attirer l’attention de ses concitoyens et des autorités sur l’approche de la fin du monde, telle que décrite dans le film 2012.
Il y a des films qui vous marquent plus que d’autres. Yin, 23 ans, employé dans un restaurant du Jiangsu, a par exemple été très impressionné par le « 2012 », une superproduction américaine sur laquelle il est tombé un peu par hasard il y a deux ans.
Le film est en anglais, mais Yin réussit à suivre grâce aux images d’un réalisme foudroyant qui semblent tout droit sorti d’un documentaire scientifique. Et sa séance est même très instructive, puisqu’il apprend, non sans étonnement, que les océans submergeront bientôt la plupart des continents, que les volcans se mettront soudainement à cracher toutes sortes de matières brûlantes ou toxiques, et que la terre elle-même se craquellera par gros morceaux sous nos pieds avant de piquer tout droit vers les fonds marins.
Yin est embarrassé : d’après sa montre, cette fin cauchemardesque est programmée pour dans quelques mois, le 21 décembre 2012, mais rien dans le comportement de son entourage ne lui laisse penser que le monde s’en soucie. Pire: la plupart des personnes qu’il interroge dans les mois suivants ne sont même pas au courant que leur espèce est au bord de l’extinction.
Fort heureusement, Yin a une empathie débordante. Pas le temps de croiser les sources, se dit-il sûrement, il faut que le monde se prépare, ou il court à sa perte.
Son salaire de serveur de hot pots ne lui permettant pas l’achat d’un Antonov ou de financer la construction d’une arche de survie géante, il cherche tout naturellement à rentrer en contact avec les dirigeants du pays. Triste réalité chinoise, les gens de basse condition sont difficilement écoutés, et il ne reste bien sûr pas assez de temps pour réformer le système.
Son compte en banque ne lui interdisant en revanche pas d’être ingénieux, il fabrique de faux explosifs qu’il attache autour de sa taille et se munit de deux couteaux achetés en ligne. Direction : le 88ème étage de la Tour Jinmao, une des plus hautes tours de la ville voisine de Shanghai, et un emblème architectural pour tout le pays.
Son plan : menacer de tout faire sauter si on ne le met pas en relation avec « les plus hautes autorités municipales ». Yin est réaliste et sait que les autorités nationales ont des problèmes un peu plus importants que la fin du monde. Et au passage, convaincre la foule de passants de la réalité du danger, en criant frénétiquement « La terre va être détruite », toujours armé de ses couteaux.
Passage à l’acte le 1er Mars dernier, et, preuve de la ténacité du jeune homme, il fallut tout de même 1h30 à la police pour le convaincre de se « désarmer », au milieu des foules de touristes en panique.
Yin a déclaré devant la cour qu’il voulait « que plus de gens soient au courant pour qu’ils aient le temps de construire des abris ». Un argument qui ne semble pas avoir attiré la sympathie des juges, puisque, condamné à 2 ans de prison pour port d’objet dangereux – les explosifs étaient des barres en acier – il observera le monde couler depuis le hublot d’une cellule.
La justice chinoise est d’un naturel sceptique.
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Sans déconner, l’angoisse qu’il va se taper le soir du 20 décembre, bloqué derrière ses barreaux…