La Chine a voulu frapper fort en annonçant jeudi trois condamnations à mort, dont l’une avec sursis, dans l’affaire du lait contaminé à la mélamine qui a tué six enfants et porté atteinte à son image à l’étranger, mais ce sont surtout les trafiquants qui ont payé.

Trois hommes ont été condamnés à mort, dont l’un avec sursis, pour leur implication dans le scandale du lait frelaté qui a également rendus malades 300.000 enfants l’an dernier, a annoncé l’agence Chine Nouvelle. L’ancienne patronne de Sanlu, figure emblématique du groupe au coeur de cet énorme scandale et ancien cadre du Parti communiste (PCC), accusée d’avoir étouffé l’affaire, a été condamnée à la prison à perpétuité. Ces verdicts ont été annoncés par un tribunal de Shijiazhuang, dans la province de Hebei (nord), siège de Sanlu, un mois après le procès où 21 accusés – 17 trafiquants et quatre dirigeants de Sanlu – avaient comparu fin décembre.
Zhang Yujun, qui a produit de la poudre contenant de la mélamine et en a écoulé 600 tonnes, a été le premier accusé condamné à mort pour avoir « mis en danger la sécurité publique« .
Un autre accusé a été également condamné à la peine de mort pour son implication dans ce scandale qui avait éclaté en septembre et provoqué une psychose en Chine, entraînant à travers le monde des retraits des produits chinois contenant du lait.
Un 3e homme a été condamné à la peine capitale, mais avec sursis, qui sera probablement commuée en prison à vie.
Le tribunal a également condamné à la prison à vie deux autres accusés.
Tian Wenhua, l’ex-directrice de Sanlu, était la plus haute personnalité jugée dans ce scandale qui avait coûté leur poste au chef du parti de Shijiazhuang et au maire de la ville. Cette édile locale du PCC et du parlement provincial avait été accusée d’avoir produit et vendu des produits « faux et de qualité inférieure » et encourait la prison à vie, mais pas la peine de mort.
Mme Tian avait pour co-accusés trois anciens cadres supérieurs de Sanlu, qui ont écopé de « seulement » cinq à 15 ans de prison. L’un avait comparu en chaise roulante, ayant perdu l’usage de ses jambes après une tentative de suicide.
Sanlu, qui était l’un des fleurons de l’industrie laitière chinoise et est désormais en quasi-faillite, s’est vu infliger une amende de 50 millions de yuans (5,6 millions d’euros) et son ex-directrice de 20 millions de yuans.
Sanlu a été accusé d’avoir étouffé l’affaire pendant plusieurs mois avant d’avertir les autorités locales, lesquelles, à la veille de l’ouverture des jeux Olympiques de Pékin, ont également tardé à réagir.
Mais aucun politique n’a eu de compte à rendre. Liu Donglin, père d’un enfant tombé malade, a regretté que ces responsables aient été épargnés. « Les autorités gouvernementales devraient être punies », a-t-il dit.
L’enquête a permis de déterminer que 22 sociétés avaient vendu du lait trafiqué avec la mélamine, produit destiné aux colles, aux résines ou aux engrais qui simule, lors des tests de contrôle, un apport en protéines. C’est la mélamine qui a provoqué chez les nourrissons et jeunes enfants dans l’ensemble du pays de graves problèmes rénaux, souvent des calculs.
Les 22 entreprises ayant mis sur le marché des produits frelatés ont, de leur côté, annoncé la création d’un fonds spécial d’indemnisation, doté de 160 millions de dollars.
Mais familles et avocats des victimes ont critiqué l’initiative, soulignant que certains parents d’enfants tombés malades ne recevraient que 300 dollars.
Précédée par de nombreux autres scandales alimentaires, l’affaire de la mélamine avait encore davantage écorné la réputation des produits chinois dans le monde entier.