Xi Jinping, 59 ans, a été élu jeudi président de la Chine par 2 952 voix pour, 1 voix contre et 3 abstentions. Portrait de ce « prince rouge » que l’on dit proche des généraux de l’APL.

Xi Jinping « impassible », écrit Le Monde, lorsque jeudi en fin de matinée dans l’amphithéâtre du Palais du Peuple, il a été « choisi comme président de la République populaire de Chine », selon la formule de Liu Yunshan qui présidait la session électorale. L’homme s’est alors « levé, a salué l’auditoire et les membres du bureau politique, puis a serré la main de Hu Jintao, le président sortant ». Une page se ferme donc, commence une nouvelle ère pour au moins 5 ans (durée officielle du mandat du nouveau président – Xi Jinping devrait en faire deux comme son prédécesseur).
« Du pain sur la planche »
« Le changement dans la continuité », titre Le Point dans un article analyse sur le nouveau pouvoir chinois. Xi, que l’on dit très attaché aux affaires du PCC et à l’idéologie, sera-t-il un réformateur ? Parviendra-t-il en effet, se demande la correspondante Chine de l’hebdomadaire français, « à débloquer la pression des « groupes d’intérêt » que dénonçait l’ancien Premier ministre Wen Jiabao » et à « répondre aux attentes de plus en plus fortes de la nouvelle classe moyenne chinoise en termes de liberté d’expression, d’indépendance de la justice et de sécurité sanitaire… » ?
Corruption, inégalités, droits des migrants, pollution, réforme politique, conflits térritoriaux… « De toute évidence, la nouvelle équipe {au pouvoir en Chine} a du pain sur la planche », note Martine Bulard sur son blog « Planète Asie » du Monde Diplomatique.
Pour Zhang Lifan, analyste politique à Pékin, cité par le South China Morning Post, le style de gouvernance {strongman leader} de Xi Jinping s’annonce « plus fort » que celui de Hu Jintao. Pour preuve : il ne lui a fallu que 4 mois (depuis le dernier Congrès du PCC en novembre dernier) pour hériter des pleins pouvoirs : chef du parti, de l’armée et du pays. Jiang Zemin a mis, lui, « 4 ans à obtenir l’ensemble des postes à responsabilité après être devenu chef du PCC en 1989 », rappelle le quotidien hongkongais.
Attentif au programme militaire chinois
Si Xi a pu obtenir l’appui des délégués du PCC, c’est aussi grâce à son profil de « prince rouge ». Car l’homme – marié à la chanteuse Peng Liyuan – est assurément bien né, au sein d’une famille d’officiels longtemps chouchoutée par le pouvoir central. Jusqu’à ce que son père Xi Zhongxun, ancien vice-Premier ministre, subisse les affres de la Révolution Culturelle. Envoyé dans une commune rurale dans les années 60 et jusqu’en 1975, Xi Jinping aime à rappeler qu’il est parti du plus bas de l’échelle pour gravir un à un tous les échelons du PCC (qu’il intègre en 1974 – cette année là, son dossier de « droitier » est enfin accepté après huit demandes de Xi). Reste que son pedigree de « fils de » a très vite été pris en compte au sein des instances du Parti. Au début des années 80 déjà – il avait alors moins de 30 ans – Xi se rapproche du secrétaire général du Parti de l’époque, Hu Yaobang. S’en suit une carrière dans le Hebei puis dans le Fujian, province qui deviendra son fief pendant plus de 10 ans.
« Très tôt, Xi a été proche des gradés de l’Armée Populaire de Libération », expliquait en 2011 à ChinePlus Willy Lam, professeur à l’université chinoise de Hong-Kong. Ses proches relations avec les hauts gradés de l’APL devrait pousser à être très attentif au programme militaire de la Chine et réclamer une modernisation rapide de l’armement de la Grande Muette chinoise. Le 5 mars dernier, Pékin annonçait d’ailleurs une augmentation de plus de 10 % de son budget militaire (évalué officiellement à 119 milliards de dollars)…
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