La Chine est aujourd’hui une économie majoritairement industrielle, encore fortement dominée par le secteur manufacturier. Néanmoins la transition vers une économie de l’innovation est visible. Le panorama de la R&D chinoise par notre partenaire le magazine Connexions.

La Chine est aujourd’hui une économie majoritairement industrielle, encore fortement dominée par le secteur manufacturier. Néanmoins une transition visible est en cours et la Chine ambitionne désormais de passer rapidement à une économie de l’innovation.
Cette volonté se traduit par une augmentation impressionnante de la capacité chinoise, tant en termes d’investissements dans la R&D que dans le domaine des ressources humaines mais même si les chiffres absolus la placent en haut du classement mondial, sa performance par habitant est encore en deçà de celle des pays développés.
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Les investissements
Le premier signe d’accélération de la transition réside dans l’augmentation rapide des dépenses intérieures brutes de R&D (DIRD), de 0,73% du PIB en 1991 à 1% du PIB en 2000 et à 1,75% du PIB en 2010 (objectif de 2,5% en 2020). En termes de volume, le montant investi dans la R&D a été multiplié par 6,6 entre 2000 et 2010 pour atteindre une valeur d’environ 700 milliards de yuans. Une des spécificités chinoises vient du fait que la majeure partie (70%) des DIRD provient du secteur privé, un des pourcentages les plus élevés au monde (à titre de comparaison, la France n’atteint que 63% d’investissement privé).
Ce chiffre marque la forte relation existant entre l’industrie et la recherche mais surtout le fait que la majorité de la recherche chinoise est effectuée en entreprise, favorisant en priorité le développement industriel et la recherche appliquée. En revanche, la recherche fondamentale n’a jusqu’à présent pas été ciblée comme prioritaire dans la politique scientifique et technologique chinoise, ce qui place la Chine très loin derrière les pays industrialisés et limite son impact dans les domaines de hautes technologies.
Le facteur humain
Le deuxième indicateur du développement de la recherche chinoise concerne les effectifs de la recherche : la Chine comptait en 2009 environ 1,74 million de chercheurs et personnels assimilés, alors que les Etats-Unis n’en comptaient que 1,43 million et l’Union Européenne 1,36 million. L’essentiel (65%) de cet effectif était employé dans les entreprises, un chiffre multiplié par 3,3 depuis 2000.
En comparaison, les universités et les établissements publics de recherche ne comptabilisaient que 12% des personnels de R&D chacun. Rapportés à la population active, ces chiffres restent encore en dessous de ceux des pays développés
(Chine : 0,18%, France : 0,8%, Japon : 1,1%), mais en augmentation rapide.
Publications scientifiques
La Chine a également réussi à se hisser aux premières places en termes de publications scientifiques : du cinquième rang mondial en 2005, elle est passée au deuxième rang en 2011 en nombre de publications (12% des publications mondiales), derrière les Etats-Unis (environ 16%).
Leur impact est également en constante progression si l’on se fie à l’indice de citation des publications, qui place la Chine au huitième rang mondial. Néanmoins la recherche chinoise n’est encore que peu ouverte à l’international, et seulement 20% de ses publications impliquent aujourd’hui une collaboration avec une institution étrangère.
Les acteurs de la R&D chinoise
Le système de recherche et d’innovation chinois est largement piloté au niveau gouvernemental. L’organe principal est le ministère de la science et de la technologie (MOST) qui définit les orientations et les priorités de la recherche chinoise au travers des plans quinquennaux (le XIIème plan quinquennal a été publié pour la période 2011-2015).
Il offre son soutien au travers de programmes tels que le programme 863 pour les hautes technologies, le programme 973 pour la recherche fondamentale, le programme de R&D sur des technologies clé, ou encore par la labellisation de State Key Laboratories (SKL) qui offre un support financier important aux meilleurs laboratoires (333 en 2010).
Le programme Torch est quant a lui axé sur l’innovation avec la mise en place de 88 parcs technologiques nationaux qui offrent un environnement attractif pour les entreprises innovantes.
Le deuxième acteur étatique majeur est l’Académie des Sciences de Chine (CAS, voir encart) qui remplit à la fois un rôle d’orientation stratégique et d’opérateur de recherche fondamentale et appliquée. Elle dispose de 97 instituts de recherche. Il existe également une dizaine d’académies spécialisées (académie d’ingénierie, de médecine, de sciences agricoles…) impliquées dans certaines structures. Enfin, la fondation pour les sciences naturelles (NSFC) est un acteur majeur pour le financement de projets de recherche fondamentale.
L’écosystème de recherche et innovation chinois présente de grandes disparités. La moitié des instituts de la CAS ainsi que les principales universités et SKL sont situés dans la région de Pékin et plus généralement 70% de l’effort de recherche chinois est concentré dans la partie Est du pays. Les zones intérieures, à l’exception de celles situées sur l’axe du fleuve Yangtsé, sont beaucoup moins impliquées.
Le rôle de la CAS
L’Académie des Sciences de Chine (CAS) joue un rôle particulier dans le paysage scientifique chinois. Elle est la plus haute instance scientifique du pays et le principal établissement de recherche. Son rôle se rapproche de celui du CNRS, tout en incluant également celui de l’Académie des sciences en France.
La CAS possède 97 instituts de recherche dans toutes les disciplines scientifiques hormis les sciences humaines. Elle a aussi sous sa tutelle deux universités : la Graduate University de la CAS, fondée en 1978, et la prestigieuse Université des sciences et technologies de Chine (USTC) à Hefei (Anhui), qui est régulièrement classée dans les cinq meilleures universités chinoises.
Enfin, la CAS joue un rôle important en matière de transfert de technologies innovantes vers l’industrie grâce à ses structures spécialisées dans la valorisation et sa participation dans 483 entreprises de hautes technologies. Les académiciens de la CAS, au nombre de 694 en 2010 (dont 56 académiciens étrangers, incluant 4 français), ont pour missions de fournir des conseils sur les programmes nationaux de développement en science et technologie, de rédiger des rapports sur les principales questions en science et technologie relatives au développement économique et social de la Chine, de soumettre des suggestions pour la stratégie à moyen et long terme et d’encourager les coopérations scientifiques.
En 2010, la CAS employait 57.700 personnes, dont environ 80% de chercheurs, et disposait d’un budget de 22,4 millions de yuans.
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