En partenariat avec Connexions, le magazine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine (CCIFC), voici un entretien avec Alain Sarfati, l’architecte du futur complexe diplomatique français à Pékin.

Connexions : Quels ont été vos partis pris en concevant cette ambassade ?
Alain Sarfati : Une ambassade est un outil mis à la disposition des Français en Chine en interface avec les populations chinoises. Outre des fonctionnalités irréprochables et une excellente qualité d’usage et d’accueil, je souhaitais que l’ambassade symbolise notre pays.
Mais qu’est-ce que la France ? Difficile de répondre à cette question quand on construit un immeuble de bureaux et pourtant ! Plus la mondialisation s’accélère, plus cette dimension symbolique est importante. Elle contribue à l’identité. J’ai cherché un chemin acceptable, une
représentation sans ostentation.
Je suis parti de la fonctionnalité, en cherchant à optimiser l’organisation du site. J’ai tenu compte de la localisation. Pékin, c’est un climat, dans un monde en construction, au milieu du sable, de la pollution, avec une certaine lumière. La France c’est une image de rigueur, de méthode et, en même temps, les Français sont considérés comme des romantiques, inventifs, pleins de fantaisie. On associe la France au design, à la mode, à la chanson, à la joie et à l’art de vivre, à la gastronomie.
Comment être rigoureux en s’autorisant la fantaisie ? J’ai choisi de jouer entre l’extérieur et l’intérieur en ménageant des surprises. J’ai opté pour une structure très solide de soubassement en granit avec des fenêtres enfoncées qui évoquent un château fort et le socle des temples chinois. Au-dessus, la tour de sept étages est enveloppée de brise-soleil fonctionnels qui protègent de la lumière pékinoise.
A l’intérieur, par contraste, le jardin se découvre dès le hall d’entrée, ainsi que le drapé de verre sérigraphié qui double la façade de la tour du haut en bas et évoque la mousse du champagne ou un plissé Fortuny… J’ai souhaité que ce bâtiment sorte du gris environnant. Les brise-soleil seront en aluminium avec des tonalités de bronze doré et argenté. Au départ, j’aurais préféré des pierres ocre doré comme à Aix mais, n’en ayant pas trouvé, j’ai opté pour des pierres plus grisées comme celles de Montpellier.
C. : Concrètement, comment avez-vous répondu aux exigences fonctionnelles de vos donneurs d’ordre ?
A. S. : Il fallait articuler des choses éparpillées : chancellerie, bureaux de l’ambassadeur, salles de réunion et réception, services culturels, économiques et commerciaux, consulat et bien sûr la résidence.
Tout cela va fonctionner de façon indépendante mais avec des synergies autour du grand jardin, de la caféteria extérieure ouverte au personnel, de la salle de conférences qui peut accueillir 110 personnes, et de la salle de réception modulable qui pourra recevoir de 10 à plus de 200 personnes.
C. : Et les jardins ?
A.S. : La grande pelouse centrale est bordée d’une double rangée de tilleuls un peu à la manière du Palais Royal. On pourra y déambuler, la partie centrale étant réservée à la réception. Ce sera un jardin ordonné, à la française, avec au bout un mur d’eau. Un cinquième sera ouvert. Le reste sera réservé à la résidence et sera planté de roseraies, de fuchsias et de pivoines avec quatre serres.
Le site du magazine Connexions: http://www.connexions.ccifc.org/
Le site de la CCIFC: http://www.ccifc.org/
Le site de S.AREA Alain Sarfati Architecture: http://www.sarea.fr/
