C’est le jour des morts en Chine et c’est aussi l’occasion pour les Chinois de remettre en question la durée de vie des tombes.

« Je suis propriétaire de mon appartement pour 70 ans ( il n’y a pas de « propriété à vie en Chine NDLR) mais une fois mort, je n’aurai droit à ma tombe que pendant 20 » se plaint Li Jing à Shenzhen au China Daily.
Face à l’allongement de la vie, les Chinois demandent de plus en plus de pouvoir rendre hommage aux disparus plus longtemps que les 20 ans prévus dans une mesure de 1998.
Mais le ministère des Affaires civiles a tenu ce week end à réaffirmer qu’il n’y avait pas de propriété privée des tombes en Chine. « Il s’agit de location et non pas de propriété. Il y a uniquement des droits d’usage » a expliqué, dimanche, Li Bo, officiel au ministère.
Une précision qui n’est pas anodine tant ces dernières années se sont multipliées dans tout le pays des arnaques à la propriété, dont les médias se font souvent l’écho. Un nombre inconnu de Chinois a en effet mis toutes ses économies pour s’assurer un endroit où se reposer définitivement après la mort. Une escroquerie qui fonctionne bien et qui peut rapporter gros aux auteurs.
Un business rentable
Mais la mort n’échappe pas non plus au marché légal: en 2007, selon le China daily, les 1162 cimetières du pays ont eu un revenu de 4,26 milliards de RMB. Un marché non négligeable et appelé à se développer comme dans tous les pays à population vieillissante.
Alors la règle des 20 ans peut subir quelques exceptions. Ceux qui peuvent se le permettre peuvent encore louer la tombe 20 ans de plus.
« Cette réglementation a plus de 10 ans et n’est plus du tout adaptée. Avant il y avait 20 ans entre chaque génération, aujourd’hui beaucoup plus » explique Qiao Kuanyuan de l’Association funéraire de Chine.
Le ministère des affaires civiles a d’ailleurs annoncé lundi de nouvelles mesures: ceux qui peuvent se le permettre peuvent louer la tombe plus longtemps ( mais pas plus de 70 ans tout). Mais concrètement, la règle n’est pas la même partout: à Shanghai, il est déjà possible de louer pour 70 ans, dans le Henan pour 50 et dans le Jiangsu 30…
Pas de place pour les cimetières
Pour résoudre le problème du manque de terres, le gouvernement chinois a interdit les enterrements et les cercueils. Seules les crémations sont autorisées.
Mais il reste la question des cendres. Les déposer dans une urne qui sera elle-même placée dans un cimetière de Pékin coûte en moyenne 60.000 RMB. Ce qui représente deux fois le revenu annuel des Pékinois. Et cela sans compter les frais mensuels qui peuvent aller jusqu’à 100 RMB.
Et ce n’est pas beaucoup moins cher ailleurs. A Qingdao, les prix ont doublé en deux ans. Difficile dans ce contexte de rendre hommage « à la chinoise » aux défunts. Il faut pour cela avoir beaucoup d’argent car l’amour porté au disparu se mesure à la grandeur de la structure qui l’accueille. Certains ( très) riches donc n’hésitent pas à dépenser un million de Rmb pour ne pas faire perdre la face à la famille.
Alors le gouvernement encourage de plus en plus la dispersion en mer. Pour les Pékinois, cela se passe à Tianjin sur la côte, deux fois par an, des cérémonies sont organisées. Depuis 1994, les cendres de plus 7000 habitants de la capitale ont été ainsi dispersées.
» Chaque année 70.000 personnes meurent à Pékin. Et pour l’instant les cendres de seulement 1% d’entre elles sont dispersées en mer. Et rien que comme ça on sauve plus de 7000 mètres carrés de terre chaque année. » explique un employé d’une société de services funéraires.
Mais les mentalités ne se changent pas facilement: l’enterrement est encore préféré et, de loin. Dans les nouvelles mesures, des aides sont apportées aux familles qui font ce choix. 2000 RMB par exemple sont donnés pour aider à couvrir les frais de transport et de nourriture à Tianjin.
» Ce nouveau type de cérémonie concerne trois types de personnes: celles qui ont un bon niveau d’éducation, celles qui sont sensibles aux problèmes environnementaux et celles qui doivent enterrer quelqu’un qui n’ets pas trop proche d’elles… » explique Wang Qiaoquan, le directeur de l’administration funéraire de Pékin.
De la terre à la mer, le chemin est donc encore long…
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