La Chine vient d’annoncer un ambitieux plan d’expansion de son réseau de trains à grande vitesse, relançant du même coup le débat sur les transferts de technologie, qui inquiètent l’Occident.

120 milliards de dollars d’ici deux ans, et 295 milliards (226 milliards d’euros) avant 2020. Après avoir inauguré début juillet une nouvelle ligne entre Shanghai et Nanjing, la Chine affiche des ambitions à sa mesure pour le développement de son réseau de trains à grande vitesse.
Le but de ces investissement : construire un réseau de lignes à grande vitesse d’une longueur totale de 16 000 kilomètres entre toutes les villes les plus importantes du pays.
Pour la Banque Mondiale, qui a publié récemment un rapport sur la question, le projet est « peut être le plus grand programme d’investissement sur le transport de passagers jamais lancé par un seul pays ».
Après avoir abandonné en 2003 l’idée de développer seule une technologie de trains à grande vitesse, la Chine avait lancé dès 2007 des partenariats avec de grands groupes occidentaux. Cela lui avait permis d’ouvrir en 2008 la ligne Pékin-Tianjin, reliant les deux villes en un peu plus d’une demi heure. Avaient suivi les ligne Wuhan-Canton, Zhengzhou-Xi’an et enfin Shanghai-Nanjing.
Aujourd’hui, la Chine possède déjà le plus long réseau de trains à grande vitesse au monde (6920 km), qu’elle a développé avec l’aide de sociétés étrangères telles que Siemens AG (Allemagne), Alstom SA (France) et Bombardier Inc (Canada).
De gros contrats, mais en joint venture
Pour ces entreprises, s’implanter sur un marché aussi prometteur était synonyme de contrats juteux (plusieurs milliards de dollars) à court terme, mais aussi de perspectives d’avenir réjouissantes.
Seul problème : la Chine, désireuse de réserver un part de ce gros gâteau à sa propre industrie, à imposé un fonctionnement en joint venture avec des entreprise locale.
Elle a ensuite développé sa propre technologie, appelée China Railway High-speed (CRH), pour laquelle elle affiche des ambitions internationales qui inquiètent les dirigeants des entreprises occidentales.
Avec des trains montant jusqu’à 350km/h, la technologie chinoise est en effet apte à se poser comme concurrente sérieuse sur la scène internationale.
Dans une conférence de presse mercredi 28, He Hanwu, ingénieur en chef au ministère des transports ferroviaires, a déclaré que le pays était en train de considérer des projets en Russie, au Brésil, aux Etats Unis, en Birmanie et au Laos.
Transferts de technologie forcés?
« La technologie de trains à grande vitesse chinoise s’est rapidement développée de façon indépendante, en se basant sur des technologies existantes qui ont aidé le pays à fabriquer des trains pouvant aller jusqu’à 350km/h », a déclaré M.He en réponse aux questions sur les transferts de technologie lors de la conférence de presse.
Après avoir insisté sur le fait que les technologies occidentales avaient été largement modifiées pour passer de 250 à 350 km/h, M.He a estimé que qualifier les agissements de la Chine de transferts de technologie « forcés » était « inexact ».
« Nous avons fait beaucoup d’innovations et d’amélioration, et cette production peut également être partagée avec le monde, a t-il déclaré selon l’agence Xinhua, ajoutant que la Chine « introduit d’abord des technologies de l’étranger, produit en joint-ventures puis développe les marques chinoises.
Alors, transferts de technologies forcés? Certes, l’industrie ferroviaire occidentale se retrouve dans une situation inconfortable face à ce nouveau concurrent. Mais c’était le prix à payer pour s’implanter sur l’incontournable marché chinois.
