Les représentants qui avaient mis leur siège en jeu pour presser Pékin d’accélérer les réformes ont certes été réélus, la faible participation au scrutin conforte Pékin dans l’idée que rien ne presse.

Le taux de participation enregistré lors des élections partielles au Conseil législatif hongkongais sont un revers pour les partisans d’une accélération des réformes démocratiques. Les pan-démocrates ont beau se féliciter d’avoir réussi à mobiliser 579 000 électeurs, le taux de participation n’aura été que de 17%, alors qu’ils espéraient que 25 % des personnes ayant le droit de vote se rendraient aux urnes.
Les cinq députés qui avaient mis leur siège en jeu – un pour chaque district de la Région administrative spéciale – pour pousser Pékin à accélérer l’instauration du suffrage universel pour le choix du chef de l’exécutif ont certes été réélus, alors qu’ils se présentaient face à des candidats peu connus, difficile de voir dans ce taux de participation un plébiscite en faveur de la démocratie. Les pro-Pékin n’ont d’ailleurs pas manqué de qualifier le scrutin d’échec pour les démocrates et d’en conclure que les Hongkongais approuvent une transition graduelle, dans laquelle la figure politique la plus importante, le chef de l’exécutif, est désignée par Pékin.
Les partisans d’une accélération des réformes n’ont pas été particulièrement aidés. Le président de la Commission des affaires électorales n’a pas appelé les citoyens à se rendre aux urnes comme l’ont toujours fait ses prédécesseurs. Le chef actuel de l’exécutif, Donald Tsang, a dit respecter ceux qui ont voté mais n’avait lui-même pas fait le déplacement. « Parmi la majorité d’électeurs qui n’ont pas pris part au scrutin, beaucoup pensent que cette élection partielle n’était pas nécessaire, abusive en procédure et même un gâchis de l’argent du contribuable. Nous devons également respecter leur opinion » a-t-il déclaré au South China Morning, le quotidien anglophone influent de Hong Kong.
Dans les Nouveaux territoires, certains responsables politiques avaient refusé que les locaux publics fassent office de bureaux de vote.
Les cinq représentants avaient remis leurs sièges en jeu en janvier, suite à plusieurs rassemblements de pro-démocrates déçus par le rythme ralenti de réformes depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine en 1997. Ils voulaient faire du scrutin un « référendum » en faveur des réformes.
Les dirigeants de la République populaire de Chine n’avaient pas caché leur désapprobation, qualifiant le « soi-disant référendum » de « défi flagrant » à la Loi fondamentale. Cela « provoquerait des disputes et serait dommageable pour ce qui a été durement gagné. Ce n’est pas ce que le peuple de Hong Kong veut voir », soulignait alors Pékin.
Si certains pan-démocrates, tels que Alan Leong, cité par la presse locale, lisent dans le résultat un « mouvement de masse », il est peu probable qu’il ne pousse Pékin à adapter de manière significative son agenda.
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