Le président français a quitté la Chine après une visite d’Etat de 3 jours au cours de laquelle il s’est réconcilié avec la Chine et son président, qui le qualifie désormais d’ami personnel. Le président a fait profil bas sur les sujets conflictuels.

La Chine qui regardait attentivement la cérémonie d’ouverture de l’Exposition universelle l’aura remarqué vendredi soir. Le président français et son épouse étaient les invités de marque aux yeux de Hu Jintao. Ce sont eux qui ont été accueillis en dernier au dîner officiel, certes après une liste de dirigeants de second rang et relativement peu de chefs d’états. Ce sont également eux qui étaient assis les plus proches du président chinois et de son épouse pendant une cérémonie dont la première partie un peu kistch a laissé place ensuite à un impressionnant feu d’artifices sur les rives du fleuve Huangpu.
Le quotidien anglophone China Daily n’a pas manqué de le noter dans son édition du 30 avril : avec le président de la Commission européenne, Nicolas Sarkozy est le seul leader mondial à s’être rendu en visite officielle en Chine avant d’assister à la cérémonie d’ouverture de l’Expo de Shanghai 2010, une autre démonstration de la montée en puissance chinoise, près de 2 ans après celle des Jeux de Pékin.
Le président français était arrivé dans la capitale économique vendredi en début d’après-midi. Il y a visité le pavillon français puis donné réception pour la communauté française expatriée dans la mégapole, avant le dîner officiel.
Plus tôt dans la journée, le président et la délégation qui l’accompagnait avaient été reçus par le Premier ministre à Zhong Nan Hai, le coeur du pouvoir chinois, isolé autour de deux lacs dans le centre de Pékin. Wen Jiabao a remercié la France pour le don qu’elle a effectué suite au séisme qui a frappé la préfecture de Yushu, dans la province du Qinghai, le 14 avril et salué la présence du président français à Pékin pour la deuxième visite d’Etat de son mandat. Le Premier ministre a par ailleurs souhaité que le pavillon soit l’un de ceux qui attire le plus les visiteurs à Shanghai.
De son côté, Nicolas Sarkozy a jugé que la reprise de l’économie chinoise est « une bonne nouvelle pour le monde ». Il l’a notamment attribuée aux « compétences d’économiste et aux compétences de négociateur » de Wen Jiabao.
Le président avait reçu un accueil « chaleureux, amical » dès le premier jour de sa visite, où l’Armée populaire de Libération a entonné du Carla Bruni au dîner. La preuve que M. Sarkozy a su satisfaire Hu Jintao et que les leaders chinois ont passé l’éponge sur la brouille de 2008.
Il faut dire que le président français a mis de l’eau dans son vin.
Sur le problème du yuan, que les puissances occidentales juge sous-évalué pour favoriser les exportations chinoises, il a jugé que la coopération serait plus efficace que l’approche agressive.
Si à la veille des Jeux de Pékin, il s’inquiétait de la situation au Tibet, au point de suspendre sa participation à l’événement à une reprise du dialogue entre Pékin et le dalaï lama, il a fait preuve de plus de délicatesse envers le gouvernement chinois cete fois-ci. Depuis la publication d’un communiqué commun au printemps dernier, le chef spirituel tibétain n’est plus reçu par les membres du gouvernement français lorsqu’il vient à Paris. Pendant ces trois jours de visite, la question des droits de l’Homme n’a pas été évoquée à haute voix devant les médias. Lors d’une conférence à l’Université des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie Bernard Kouchner a toutefois parlé de ces problèmes, selon le China Daily. Pas le président.
Cela favorise certes les projets de coopération entre les deux pays. M. Sarkozy a milité pour que la Chine signe un nouveau contrat concernant les réacteurs de troisième génération EPR à Taishan, dans le Guangdong, projet qui pourrait aboutir lors de la visite de M. Hu à Paris à l’automne. Le président chinois s’est également montre demandeur d’échanges linguistiques, touristiques et… médiatiques. Cela aurait pu être l’occasion de s’inquiéter publiquement de l’absence de libertés sur le web, alors que le PCC vient d’adopter un texte renforçant encore un peu son contrôle sur la société dans ce domaine. Hillary Clinton l’a fait publiquement suite à l’affaire Google. Au Salon du livre, à Francfort, la chancelière allemande avait elle déclaré face à Xi Jinping, dont il y a fort à parier qu’il succédera à Hu Jintao à la tête de la Chine en 2012, que les livres menacent les dictatures.
Mais sur ces sujets, la France a opté pour la discrétion absolue.