La chanteuse qui remplit les stades et s’affiche en une des magazines chinois a répondu aux questions de notre partenaire Trait-D’union… dans un français parfait. Retrouvez son portrait dans « Faut pas rêver » le 8 avril à 21h sur TV5 Monde.

Rien ne destinait la jeune Shanghaienne à devenir l’une des pop stars les plus adulées dans son pays. Lauréate de la « Star Ac » chinoise en 2006, Shang Wenji ou « Laure », remplie depuis des stades entiers, passe d’un studio de télévision à un autre entre deux couvertures de magazines et les défilés de mode les plus prestigieux pour la plus grande joie de ses millions de fans.
Trop facilement surnommée la Lady Gaga Chinoise, l’artiste a su trouver le style musical et scénique propre à sa personnalité. Une personnalité mêlant talent, mystère et tendresse à découvrir pour la première fois sur une chaîne de télévision occidentale dans Faut Pas Rêver le 8 avril à 21h sur TV5 Monde.
Être star de la chanson en Chine, est-ce la concrétisation d’un rêve ?
Non, pas du tout, au départ c’est un peu un hasard ! Comme beaucoup de jeunes Chinois, j’aimais sortir avec des amis pour chanter dans des karaokés. J’aimais bien chanter. Mes amis me disaient que je chantais bien mieux que telle ou telle lauréate de concours de chanson et m’incitaient à y participer. Mais avant de m’inscrire au concours « Super Voice », j’étais jeune diplômée de la plus prestigieuse université shanghaïenne et travaillais depuis huit mois comme cadre dans une société française qui fabriquait des accessoires de mode pour les marques de luxe comme Dior, Chanel, Yves Saint Laurent… Je gagnais un salaire correct, je menais une vie sérieuse, une belle vie au regard des personnes de mon entourage.
La vie d’artiste en Chine n’est pas considérée comme « sérieuse » ?
C’est très souvent une vie très éphémère, il y a beaucoup de règles, beaucoup d’histoires plus ou moins scandaleuses dans ce métier qui n’était pas donc pas considéré comme sérieux pour la jeune diplômée que j’étais.
Et malgré cela vous vous inscrivez au concours ?
J’avais participé au concours de la chanson francophone et avais remporté le second prix pendant mes études. À nouveau, je considérais ce concours comme un jeu, un moyen de m’amuser le week end ! Dans la semaine je travaillais.
Vous remportez le concours et vous décidez de changer de vie ?
Lorsque je me suis aperçue que j’allais peut – être gagner le concours je me suis posée la question : « tu restes dans ta société française ou tu changes de métier en devenant chanteuse professionnelle pour gagner ta vie ? ». Le jour où l’on m’a annoncé que j’étais championne, j’ai considéré que c’était une chance pour moi d’accéder à ce métier difficile et j’ai décidé de changer de métier !
Vous aviez une formation artistique auparavant ?
Pas du tout. Avant de devenir chanteuse je n’avais pas suivi d’école de musique, j’étais incapable de composer ! Je chantais juste parce que j’aimais chanter mais aujourd’hui je ne sais toujours pas si je chante bien ou pas car j’ai ma propre façon de chanter.
Depuis cette victoire comment gérez vous votre carrière, quel est votre secret de longévité, quel est votre style ?
Même si ma vie artistique est très courte, je la divise en deux périodes. La première, de 2006 à 2009 est une période que je qualifierai de « confuse » : j’entre dans le métier de façon brutale, sans préparation ni formation contrairement aux autres chanteurs qui, avant de signer avec une maison de disques et d’être connus, chantent souvent pendant des années dans des bars, essayent différents styles avant de trouver leur direction artistique. Moi, on m’a proposé différents styles de chansons : amour, dance, pop…
On m’a proposé de jouer dans des films, j’étais en photo dans toutes sortes de magazines : sport, mode, électro-ménager, restaurants… J’ai chanté toutes sortes de chansons, je dépendais à 100% des autres pour trouver des chansons, je sortais des albums mais je n’étais pas satisfaite du résultat car les styles étaient mélangés, c’était un peu comme vous dites en français le « bordel » !!! Je n’avais pas de style non plus dans mon habillement et mon maquillage, je m’habillais comme une femme d’affaires, parfois comme une petite fille sage, timide. Tout cela ne correspondait absolument pas à ma personnalité.
Comment avez-vous réagi ?
J’avais conscience qu’il me fallait chercher des solutions pour ma musique, mes apparences si je voulais continuer dans ce métier. J’ai parlé avec des musiciens, j’ai demandé des conseils à des professionnels. Entre 2009 et 2010 nous avons fait des essais, des erreurs parfois. J’ai commencé à composer et à écrire beaucoup de chansons et nous sommes arrivés à une vraie direction artistique. J’ai écrit et enregistré ma première chanson « Miss Lane Crawford » début 2011 puis d’autres chansons de dance puis je me suis tournée vers la « world music ». Cette deuxième partie de ma courte vie artistique est une période beaucoup plus intéressante car je suis moi-même et je maîtrise les choses.
Quel est votre public ?
Comme je chante en Anglais, un peu en Chinois et parfois en Français, mon public est un public actif, urbain, à 80% féminin, âgé de 25 à 60 ans.
Public que vous rencontrez lors de concerts gigantesques… C’est important pour vous la scène ?
J’aime beaucoup la scène. Je n’aime pas la foule mais j’aime beaucoup la réaction du public sur mes chansons. En revanche je n’aime pas trop être entourée de fans et de journalistes.
Ils vous font peur ?
Oui, j’aime plutôt être tranquille !
Vous vous exprimez dans un français parfait, avez – vous choisi d’apprendre cette langue parce que vous aimiez les chansons françaises ?
Pas du tout ! Pour être honnête lorsque je suis entrée à l’université je devais choisir une langue étrangère et je voulais choisir l’Espagnol. L’université de Fuxian qui est la meilleure de Shanghai ne proposait pas cette langue et ma conseillé de choisir « la voisine », le Français !
Un choix par défaut ou par accident d’une langue que vous maîtrisez aujourd’hui parfaitement !
J’ai cultivé mon amour pour la langue française en l’étudiant. Je me suis rendu compte au fur et à mesure de mon apprentissage que c’était une langue de précision. Pour bien la parler il me fallait travailler intensément et au – delà de la langue étudier la culture, le mode de vie, la logique de pensée. J’ai eu aussi la chance d’aller plusieurs fois en France dans le cadre de mes études. Dans chacun de mes albums j’interprète une chanson en Français, dans le premier c’était « À la Claire Fontaine » et dans ma première chanson « Miss Lane Crawford » la partie mélodie est en Chinois et la partie rap est en français !
Comment avez- vous découvert la chanson française et quelles sont vos références ?
Lorsque j’allais à l’université j’avais chez moi une grande parabole pour recevoir TV5 et la plupart des chansons que je connaissais c’était grâce à TV5. J’aimais beaucoup la chanson « je ne veux pas travailler » qui passait au générique de Télématin avec le présentateur un peu âgé qui présente l’émission, j’avais une admiration aussi pour Lara Fabian avec qui j’ai eu la chance de chanter l’an dernier à Pékin en duo « J’y crois encore ».
Justement, le reportage réalisé sur vous dans l’émission Faut Pas Rêver va être diffusé sur TV5, quel effet cela vous fait – il de passer de « l’autre côté de l’écran » ?
C’est un sentiment très bizarre. Je n’ose jamais écouter ma propre voix ou me voir à la télévision. Dans les karaokés, je refuse que mes amis mettent mes chansons et mes clips. Je pense que je ne suis jamais satisfaite du résultat, c’est mon côté perfectionniste !
Certains vous appellent la « Lady Gaga Chinoise », comment réagissez vous ?
Je n’aime pas trop cette phrase parce que aucune artiste n’aime être comparée à une autre. Nos musiques sont aussi très différentes. Elle est plutôt dans le « dance vintage » et moi je fais du rock indépendant, de la « world music ». Au niveau du look, celui de Lady Gaga colle bien à sa musique, il est très extraverti, très direct. Pour ma part, ma musique étant un peu gothique, mon look l’est un peu aussi avec un mélange chinois et occidental. Il n’est parfois pas très direct et peut cacher beaucoup de choses. Je suis beaucoup plus gothique que Lady Gaga !
Il y a un côté mystérieux chez vous ?
Oui aussi bien dans mon look que dans ma musique, il y a beaucoup de choses qui sont cachées…
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