Vendredi 31 juillet, à Pékin, une quarantaine de journalistes étaient présents pour assister à la vente aux enchères des 80 000 sièges du Nid d’oiseau. Privilège du gagnant : avoir son nom inscrit sur les dossiers lors du match de foot prévu le 8 août prochain. Mais ce jour-là, aucun des 10 commerçants inscrits n’était présent, le vainqueur avait été désigné d’avance.

Cinq minutes avant les enchères, impossible de trouver un commerçant dans la salle. L’animateur annonce que tout a changé « il y a quelques minutes, pour des raisons que tout le monde connait », sans toutefois les préciser.
« Mes jambes tremblent, dit-il sur l’estrade, car je suis contraint de vous dire que les enchères ont été annulées et qu’on a choisi le gagnant, M. Huang Yizhong. Je pense que tout le monde sera satisfait de cette issue – c’est le roi des fruits de Taiwan. »
A la recherche de soutiens financiers
Depuis sa construction, le Nid d’oiseau est un sujet de préoccupation majeure. Avec 7 millions d’euros engloutis chaque année pour sa maintenance, les organisateurs ne disposent plus des financements suffisants pour continuer en l’état.
C’est pour cette raison que l’Union Zhong Xin, l’un des propriétaires du stade, a proposé de vendre le nom des sièges aux enchères. Mais cette idée, en discussion depuis la fin des JO, avait déclenché de vifs débats sur Internet.
« Comment avez-vous menti aux contribuables avant la construction ? N’aviez-vous pas promis qu’il serait rentable ? Réflechissez un peu avant de gaspiller la fortune du peuple ! », dit cet internaute.
A l’occasion de l’anniversaire des 1 an des JO, l’idée d’une vente aux enchères est toutefois revenue sur le tapis. Avec cette fois-ci une limite, histoire de mieux faire passer la pilule : le droit de dénomination des sièges ne sera valable uniquement pendant soirée, le 8 août, pour le match de football de la « Super coupe d’Italie ».
Le projet des organisateurs prévoyaient d’inscrire la marque du commerçant sorti victorieux des enchères sur un sachet « écologique » placé sur le dos des sièges, pour servir de sac poubelle à la fin du match.
Prudence de rigueur
C’était avant que de nouveaux éléments ne viennent perturber le projet initial.
« Quelques semaines avant les enchères, un propriétaire nous a recommandé d’être très prudents », explique un responsable de Yi Hai, l’entreprise chargée d’organiser les enchères, contactée après la prétendue vente aux enchères.
Conçu par une équipe dont faisaient partie deux artistes chinois, le stade est toujours considéré comme un symbole de la dignité de la Chine et l’incarnation de l’espoir du peuple chinois.
Pas question donc de prendre le risque de bafouer ces sentiments en attribuant les sièges au premier venu.
« Le Nid d’oiseau est tellement sacré pour nous, poursuit le responsable, au point qu’on a eu peur de blesser le sentiment des Chinois au cas où le commerçant gagnant soit considéré comme indigne. Résultat on a passé trois jours à persuader les autres participants de renoncer. »
A la place, c’est Huang Yizhong, un marchand de fruits taiwanais qui avait déjà fait fortune pendant les JO, qui a été désigné vainqueur.
Seul participant présent dans la salle, celui-ci a remercié les autres commerçants de lui « avoir laissé cette place ». Les fruits taïwainais auront même le droit d’être présents dans les cabines des footballeurs, a rassuré Yi Hai…
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