Une photo peu connue est fraîchement accessible sur Google Chine: un homme face aux chars place Tiananmen en 1989. Google a décidé de ne plus censurer le web en Chine

Largement méconnue en Chine où elle est censurée, la photo de l’homme qui se dressa face à un char militaire venu écraser les manifestations démocratiques de 1989 place Tiananmen était accessible sur le site chinois de Google mercredi, juste après le coup d’éclat du géant de l’internet contre la censure.
La compagnie californienne a annoncé mardi « ne plus être disposée à censurer les recherches sur google.cn », son site chinois, comme le requièrent les autorités. Las de la politique de « surveillance » de Pékin, victime de cyber-attaques venues de Chine et d’espionnage par des « tierces parties » visant des comptes de défenseurs des droits de l’Homme en Chine, Google a aussi menacé de cesser toute opérations dans le pays asiatique.
Quelques heures après ces dénonciations, une recherche de « tank man » (l’homme du char) était immédiatement couronnée de succès sur Google.cn, mais pas sur le site chinois Baidu.com, qui détient près des deux tiers des parts de marché de la recherche en ligne (63,9%). Sur Google, la photo emblématique, qui a fait le tour de la planète, s’affichait, montrant cet homme de dos, sacs plastique à la main, dressé tout seul, face à une colonne de chars pour entraver leur progression.
Les événements de Tiananmen, qui s’étaient soldés par une sanglante répression de manifestation pacifique, restent un sujet tabou en Chine. Sur l’internet ils sont filtrés par le système de censure surnommé Great Firewall, jeu de mots reprenant l’idée de la Muraille de Chine et firewall, « parefeu ». Mais mercredi d’autres sujets sensibles sont passés au travers des mailles sur google.cn, comme ceux concernant le dalai lama ou le mouvement spirituel Falungong, et pouvaient également être consultés sur des sites chinois.
L’annonce d’un possible départ de Chine de Google, passé sous silence ou à peine mentionné sans évocation des accusations de Google, par les médias officiels, a en revanche navré une partie de la communauté des internautes, dont 78% se sont prononcés contre ce départ dans un sondage en ligne du portail 163.com auprès de 14.000 personnes.
Certains se sont rendus devant le siège pékinois de la société américaine pour lui manifester leur sympathie et leur soutien, a constaté un journaliste de l’AFP.