Au moins 203 personnes ont été tuées dans les émeutes au Tibet « réprimées » par la Chine depuis le mois de mars, a annoncé mardi le gouvernement tibétain en exil en Inde, accusant des « agents chinois » d’avoir « provoqué » les troubles.
Un millier de personnes ont aussi été blessées et 5.175 arrêtées depuis qu’a commencé le 10 mars un mouvement antichinois au Tibet, a déclaré Thubten Samphel, porte-parole du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala, dans le nord de l’Inde, où le dalaï lama est réfugié depuis 1959.
Ces « faits et chiffres examinés avec précision » ont été compilés grâce à six sources différentes, notamment le site Chinadigitaltimes.net, le centre tibétain pour les droits de l’Homme et la démocratie, les médias d’Etat chinois, la radio de Lhassa et Radio Free Asia, a précisé M. Samphel lors d’un point de presse.
La Chine a annoncé mardi les premières condamnations, allant jusqu’à la prison à vie, pour 30 personnes impliquées en mars dans les émeutes meurtrières de Lhassa, la capitale du Tibet.
Pékin a accusé les « émeutiers » tibétains d’avoir tué 18 civils et un policier et blessé 382 civils et 241 policiers lors des troubles de Lhassa.
Jusqu’ici, les dirigeants tibétains en exil affirmaient que la « répression » chinoise avait fait plus de 150 morts et que plus de 2.000 personnes avaient été arrêtées.
En mars, « des agents chinois ont provoqué les violences et ce n’est pas la première fois », a accusé auprès de l’AFP M. Samphel. « En 1959, 1987, 1988 et en 1989, des agents chinois avaient poussé des gens au Tibet à la violence », a-t-il poursuivi.
« Notre campagne est non-violente. Comment pouvons-nous être accusés de cela? Ce sont des Chinois qui ont poussé à la violence en plaçant des agents dans la foule », a expliqué le dirigeant tibétain.
« Les manifestations tibétaines étaient dirigées contre les mauvaises politiques du gouvernement chinois au Tibet, pas contre le peuple chinois. Il est malheureux que des gens innocents soient morts lors de ces troubles », a-t-il conclu.
Auparavant , la Chine a appelé le dalaï lama à saisir l’opportunité du dialogue qu’elle lui a offerte et à prendre des mesures pour « mettre fin » aux violences avant les jeux Olympiques du mois d’août.
« Nous espérons que le dalaï lama puisse chérir cette opportunité, reconnaisse les faits et change sa position en prenant des mesures concrètes pour mettre fin aux actes de violence et tentatives de saboter les jeux Olympiques », a déclaré à Pékin la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jiang Yu.
Cependant, le dalaï lama attend toujours une lettre d’invitation de Pékin, après l’annonce par les autorités chinoises d’une offre de dialogue avec un représentant privé du chef spirituel des Tibétains, a indiqué mardi le responsable du Bureau du Tibet à Paris.
Pékin accuse le dalaï lama d’avoir fomenté les émeutes du mois de mars au Tibet et dans les régions voisines, dans le but de « saboter » les JO.
Le dignitaire religieux et politique a fermement rejeté ces accusations.
« Nous ne sabotons par les jeux », a réaffirmé M. Samphel. « Si quelqu’un le fait, c’est la Chine elle-même par ses mesures répressives au Tibet. Nous demandons aux autorités chinoises de permettre à des organisation internationales respectées de découvrir qui est derrière les troubles », a-t-il répété.