Le récent décès de l’employée d’une multinationale, sans doute provoqué par le surmenage, a indigné les internautes et rappelé que les cols blancs Chinois payent eux aussi le prix de la croissance de leur pays.

L’année dernière, les rudes conditions de travail des ouvriers Chinois étaient revenues sur le devant de la scène médiatique en raison de suicides à répétition chez un fabriquant d’Apple, puis d’une série de grèves (souvent victorieuses) qui avait secoué l’atelier du monde.
Mais les ouvriers migrants qui travaillent dans les provinces industrielle ne sont pas les seuls à trimer, et la Chine doit aussi les deux chiffres de sa croissance économique à l’exploitation sans merci d’une partie de ses cols blancs et de ses cadres, y compris par des sociétés étrangères.
Pan Jie, 25 ans, était de ceux-là. Diplômée de la prestigieuse université de Jiaotong, à Shanghai, elle travaillait depuis octobre 2010 dans la branche locale de PricewaterhouseCoopers, un cabinet d’audit et d’expertise comptable londonien présent dans 151 pays.
Comme tous ses collègues, la jeune fille faisait des heures supplémentaires tous les jours, souvent jusqu’à deux heures du matin, parfois jusqu’à quatre ou cinq heures. Non-payées, bien sûr. Selon ses amis, il lui arrivait souvent de faire des semaines de 120 heures.
Le 10 avril dernier, la jeune femme est devenue célèbre sur l’Internet chinois. Ce jour là, elle est morte d’une méningite cérébrale, provoquée par une grippe qu’elle n’avait pas eu le temps de soigner.
Une situation courante
Depuis quelques temps, elle utilisait son blog pour exprimer sa souffrance, et se plaindre de sa masse de travail.
« Je n’ai plus envie de travailler…Est-ce que je pourrais dormir deux heures avant de m’y remettre? J’ai encore 39 de fièvre aujourd’hui« , écrivait-elle par exemple. Et d’ironiser dans un autre message posté à 4H34 du matin, de son bureau : « Je suis vraiment quelqu’un qui se couche et qui se lève tôt« .
Pan Jie est-elle morte de surmenage? Difficile de l’affirmer. Quoi qu’il en soit, sa mort a provoqué l’émoi de nombreux internautes : sur le portail internet Sina, des dizaines de milliers de personnes ont posté des messages indignés, faisant parfois référence au Karoshi, un mot japonais signifiant littéralement « mourir de surmenage ».
Et si la mort de Pan Jie a provoqué une si vive émotion, c’est que sa situation est malheureusement loin d’être exceptionnelle.
« Je travaillais presque tous les jours jusqu’à 11 heures du soir, parfois jusqu’au milieu de la nuit, pour retourner au bureau le lendemain à neuf heures, confie Li Shenjie, ancienne employée du numéro un mondial en recherche marketing. « Nous faisions croire aux clients que nos audits étaient réalisés par une équipe, mais en réalité, je devais tout faire toute seule« , se souvient-elle.
Comme Pan Jie, la jeune fille gagnait à l’époque un salaire correct pour un premier emploi, et avait devant elle de bonnes perspectives de carrière. Mais elle a préféré changer de voie. « Beaucoup de mes collègues avaient des problèmes de santé, raconte-t-elle. Certaines filles n’avaient plus leurs règles, d’autres avaient des problèmes de reins, de décollement de la rétine… Tout le monde se tuait à la tâche! »
Le rêve de tous les étudiants Chinois
Pour Li Hua, juriste spécialisée en droit du travail au cabinet Gide, le cas de Pan Jie n’est pas vraiment étonnant. « En Chine, le droit du travail n’autorise que 36 heures supplémentaires par mois. Mais cela est très peu respecté, car il y a trop peu d’inspecteurs du travail, et que beaucoup de contrat contiennent une clause qui précise que les heures de travail sont « flexibles ».

Cependant, ils sont nombreux à accepter les pires conditions pour avoir un salaire décent, et un emploi souvent valorisé par la société. « Tout le monde autour de moi m’admirait, se souvient Li Shenjie. Travailler dans ces entreprises, c’est le rêve de tous les étudiants Chinois« .
Seul problème : les heures supplémentaires peuvent difficilement être refusées, car, comme les travailleurs migrants des usines, les cols blancs sont sous la pression d’une « masse de travailleurs disponibles » dans laquelle leurs patrons peuvent piocher à loisir pour remplacer les récalcitrants.
Résultat : selon une étude réalisée en 2010 par l’association des médecins de Chine et l’association des hôpitaux chinois, plus de 60 % des cols blancs des grandes villes chinoises sont susceptibles de tomber malades à cause d’une charge de travail excessive.
Mais la relation de cause-à-effet entre le surmenage et la maladie est extrêmement dure à prouver.
« Nous pouvons en tirer deux leçons, estime Li Hua. La première, c’est que l’Etat devrait embaucher plus d’inspecteurs du travail, car il faut faire respecter la loi, sinon, c’est mauvais pour la société toute entière. La deuxième, c’est que si ces entreprises manquent d’effectifs, elles doivent embaucher plus de monde, au lieu de recourir systématiquement aux heures supplémentaires« .
Malheureusement, cela ne semble pas prêt de se réaliser, et ce, malgré les très bons chiffres d’affaire engrangés chaque année par ces sociétés (26,2 milliards de dollars en 2009 pour PricewaterhouseCoopers).
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Pauvres Chinois ! D’abord, les horreurs du communisme, puis celles du capitalisme, avec en prime le totalitarisme!
pauvres français!qui subissent les horreurs du capitalisme depuis si longtemps.
http://beta.fr.news.yahoo.com/france-t%C3%A9l%C3%A9com-salari%C3%A9-suic…
Je suis vraiment triste pour Pan Jie, elle aurait vraiment du quitter son travail vu ces conditions. C’est le revers de la medaille de la liberalisation economique. Apres, les travailleurs chinois pourraient toujours revenir a l ancien systeme maoiste : travailler 3 h par jour et produire deux clous par mois.