Alors que les manifestations continuent en Mongolie-Intérieure, la Chine a accusé « des personnes à l’étranger » d’utiliser ces mouvements pour y fomenter des troubles.

Décidément, les « laowai » sont de sacrés troublions. Après avoir accusé les journalistes étrangers d’être à l’origine des « manifestations de jasmin » qui se sont déroulées dans plusieurs villes en écho aux mouvements démocratiques du monde arabe, la Chine accuse désormais des « forces étrangères » de fomenter le mouvement social qui frappe actuellement la Mongolie-Intérieure.
Lors de son point presse hebdomadaire, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu, a fustigé « ceux qui à l’étranger essaient d’utiliser ces incidents pour provoquer des troubles« .
« Les tentatives (…) de certains à l’étranger de gonfler cette affaire dans le but d’arriver à leurs fins sont vouées à l’échec« , a-t-elle asséné, sans préciser la cible de cette accusation.
Serait-ce, comme pour les manifestations de jasmin, les journalistes étrangers? Ceux-ci peuvent pourtant difficilement être mis en cause, puisque les autorités les empêchent de couvrir les manifestations.
Le club des correspondants étrangers en Chine (FCCC) rapporte ainsi qu’un journaliste britannique qui voulait s’y rendre pour couvrir les événements a été bloqué à un barrage de police.
Il a du rebrousser chemin car, lui ont dit les policiers, en raison de « circonstances spéciales« , la zone n’était « pas sûre« .
Cependant, des informations arrivent quand même de la région, théâtre de vives protestations depuis qu’un berger est décédé après avoir été renversé par un Han (l’ethnie majoritaire).
Pékin veut éviter l’embrasement
Selon les informations diffusées par des ONG, il tentait avec d’autres de bloquer un convoi transportant du charbon dans la région de Xilingol, où l’activité minière chasse de leurs terres les bergers mongols.
La Mongolie-Intérieure compte 24,7 millions d’habitants, parmi lesquels près de 80% de Hans et 17% de Mongols. Les protestataires se plaignent de la surexploitation par les Han de leurs ressources minières, et de la destruction du mode de vie traditionnel des nomades.
L’événement a donc servi d’étincelle et a déclenché de nombreuses manifestations, que les autorités ont essayé de contenir. (Voir la vidéo)
Lundi, selon CNN, les autorités chinoises ont arrêté des dizaines de personnes à Hothot, la capitale de la province, où le mécontentement s’est propagé.
Auparavant, Pékin avait déjà déployé des troupes paramilitaires dans plusieurs villes de la province, les plaçant de facto sous loi martiale.
Cependant, le gouvernement chinois n’a pas tardé à se montrer conciliant envers les manifestants. Avec le Tibet et le Xinjiang, il a déjà assez de problèmes ethniques à gérer.
D’autant qu’au sein de la population toute entière, une grogne sociale couve, notamment en raison d’inégalités de plus en plus criantes. Il ne faudrait donc pas que ces protestations s’étendent à la capitale du pays, qui n’est qu’à quelques heures de route de la Mongolie-Intérieure!
Cela explique sans doute pourquoi Pékin a d’ores-et-déjà donné des gages aux manifestants : un officiel haut-placé au niveau local a été limogé, et promesse a été faite de mieux gérer à l’avenir l’industrie minière, pour réduire son impact sur le mode de vie local.
« En ce qui concerne les demandes légitimes de la population, les autorités locales (y) répondront positivement, essaieront également de (concilier) le développement économique et la protection de l’environnement et (…) feront le nécessaire pour préserver les intérêts de tous les groupes ethniques« , a assuré Mme Jiang Yu.
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Les étrangers derrière tout ça… Mais bien sur! Ils faudrait qu’ils se renouvellent un peu, quand même : cette rhétorique commence à dater…
Mais si, bien sur ce sont des étrangers les hans en Mongolie intérieure !
La plus grande des misères est de se sentir misérable [proverbe tibétain]