Pékin a beau contrôler la presse, télévision, radio et bloquer les sites dérangeants sur le web, l’émergence rapide de nouveaux moyens de partager les informations, dont Twitter, rend le « blackout » médiatique total de plus en plus difficile à mettre en place

L’incendie d’une des tours du complexe de la télévision d’Etat chinoise CCTV s’est déclaré depuis quelques minutes à peine, que Niubi balance la nouvelle sur son fil Twitter. Fini le temps de l’information contrôlée en Chine: Internet avait déjà ouvert des brèches géantes, voici venir le microblogging de Twitter et son potentiel de milliards de messages non filtrés.
Certes, Twitter ne concerne aujourd’hui qu’une toute petite élite connectée en Chine, mais dans un pays qui compte quelque 300 millions d’internautes et 650 millions de téléphones portables, le potentiel est gigantesque. Et effrayant pour un pouvoir qui n’a toujours pas renoncé à contrôler ce que savent et pensent ses concitoyens, tout en permettant le développement des technologies pour des raisons d’abord économiques.
Le soir du sinistre, alors que la capitale chinoise célébrait par des feux d’artifice la fête des Lanternes marquant la fin des festivités du Nouvel An chinois, les autorités ont tenté de limiter les informations sur ce spectaculaire incendie touchant le projet architectural phare de Pékin. Selon le site China Smack, les grands sites d’info chinois somme Sina.com ou NetEase ont initialement censuré les informations sur l’incendie et bloqué les forums de débat sur ce sujet.
Censure impossible
Mais c’était peine perdue: Twitter, puis les sites internet, ont multiplié les informations, les photos et les vidéos sur cet incendie dont on sait aujourd’hui qu’il a été déclenché par un feu d’artifice lancé illégalement à partir du toit de la tour en construction. Un pompier a trouvé la mort et la tour, qui devait abriter le futur hôtel Mandarin, un théâtre et un studio d’enregistrement, a été détruite par les flammes.
Le gouvernement chinois est contraint d’apprendre à vivre avec cette circulation d’information incontrôlable, raffinant sans cesse ses instruments de surveillance, mais adaptant aussi ses propres médias à la nouvelle donne.
Avec Twitter, un fil sur lesquels les messages ne dépassent pas les 140 caractères, c’est un cauchemar de plus pour les censeurs qui voit le jour. Les nouveaux outils technologiques sont testés par les plus audacieux: ainsi, « Zola« , le blogueur phare du journalisme citoyen chinois, a ainsi créé un agrégateur de toutes les informations concernant cet incendie, avec force photos, vidéos, liens, google maps, twitts…
Non seulement les internautes chinois se sont empressés de faire circuler l’information sans attendre le feu vert officiel, mais ils s’en sont aussi amusés -malgré sa dimension tragique-, en détournant les photos pour en faire des scènes de films d’horreur. Une manière, aussi, de se moquer de la télévision d’Etat CCTV, dernier bastion de la propagande et de la langue de bois, dans un univers médiatique en plein bouleversement. Merci au site China Smack de les avoir recensés… En voici quelques exemples ci-dessous.
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