Le métier de ferronnier est encore largement inconnu en Chine. Au fin fond de la banlieue de Pékin, Vincent, 30 ans, pourrait bien ouvrir la voie.

Passé le 6ème périphérique nord de la capitale, c’est la campagne chinoise. Un paysage de petites bicoques et d’usines, au milieu des champs et des terrains vagues. A 30 ans, Vincent Castell a troqué sa banlieue parisienne pour planter son atelier de ferronnerie dans ce décor.
« C’était un peu un fantasme quand j’étais en France d’avoir un atelier en Chine », raconte l’artisan avec le sourire. La rencontre de sa femme, une belle Pékinoise venue faire ses études à Paris, a bien évidemment contribué à cette décision.
Ce faisant, il n’a pas choisi la facilité. Le métier de ferronnier d’art est encore largement inconnu ici. Quand il va chercher ses matériaux dans l’entrepôt du coin, de la taille de trois terrains de football, les ouvriers le regardent avec des grands yeux ronds, c’est le seul étranger jamais vu ici. Focalisée sur son développement économique, la Chine tient plus à ses usines de métallurgie qu’à son patrimoine.
« La forge est encore un concept très occidental. Ici, on reste dans l’utilitaire. En France, on embellit petit à petit son patrimoine mais en Chine, on ne sait jamais de quoi le lendemain sera fait », explique le mince et grand barbu, tout bardé de tatouages.
Forge, enclume, machines de découpe, il a fallu importer une partie du matériel de France et d’Allemagne, acheter l’autre moitié ici, retaper l’atelier, enregistrer les statuts… Une série de galères dont il ne serait jamais venu à bout sans l’aide de sa femme, de ses beaux-parents et de ses parents.
Après une longue année d’attente et de petits boulots, Vincent s’est enfin remis à battre le fer. Et les premières commandes n’ont pas tardé à suivre. Un lit en fer forgé par-ci, du mobilier pour une marque de Cognac par-là… « encore de petites choses », résume l’artisan, prudent.
S’il compte parmi les précurseurs, le ferronnier français peut tout de même miser sur certains avantages. L’image d’abord. Une pièce réalisée à la main, par un artisan français de surcroit, cela fait toujours son petit effet en Chine. Les perspectives de croissance sont également plus attractives qu’en France. Il songe déjà à recruter un ou deux ouvriers chinois pour l’aider.
« C’est à double tranchant : soit personne ne comprend le truc et je n’ai pas de commandes, soit au contraire le concept prend et là, j’aurais ouvert la voie ».
Qu’importe au fond si ce n’est pas la poule aux oeufs d’or. Il n’est pas venu pour ça. « L’essentiel, c’est de pouvoir vivre du métier qui m’intéresse. Cet atelier, c’est juste le prix d’une belle voiture. Mais mes amis, ma famille ont tellement donné de leur personne que je n’ai pas le droit de me planter, je ne veux pas les décevoir ».
Pour contacter Vincent Castell : [email protected]
