Chaque année, 22,5 millions de tonnes d’huile serait récupérée puis revendue aux gargotes chinoises, alors même qu’elle est hautement cancérigène.

Un dixième de l’huile utilisée dans la restauration en Chine serait de l’huile déjà utilisée puis recyclée. La rumeur d’utilisation d’une telle substance dans une partie des restaurants peu chers du pays n’est pas nouvelle. Mais la publication, par un professeur de sciences spécialisé dans l’industrie agro-alimentaire à l’université polytechnique de Wuhan, des résultats d’une étude qu’il a mené avec 9 de ses étudiants nourrit la polémique. Les résultats des recherches de He Dongping ont été largement repris dans la presse chinoise : la restauration en Chine consomme 22,5 millions de tonnes d’huile dont entre 2 et 3 millions sont de l’huile recyclée.
L’administration en charge de l’agro-alimentaire a aussitôt publié sur son site deux notes, appelant ses agents sur l’ensemble du territoire à lutter contre l’utilisation d’huile recyclée et à prêter attention à la qualité des baguettes jetables. « Les restaurateurs seront punis s’ils utilisent de l’huile illégale ou de l’huile dont ils ne connaissent pas la provenance. Dans les cas graves, leurs licences seront retirées » précise la note.
Cette huile est directement récupérée dans les cuisines des gargotes peu onéreuses puis recyclée, souvent à la lisière des grandes villes. Déjà utilisée précédemment pour la cuisson, elle contient de l’aflatoxine, une substance hautement nocive et cancérigène.
Pour He Dongping, l’opération est bien plus rentable que d’acheter de l’huile neuve. Une tonne d’huile « recyclée » vaut 300 yuans (30 euros environ). Chaque baril permet de dégager 70 à 80 yuans, soit 7 à 8 euros, de marge. « Même si vous la vendez à la moitié du prix de l’huile ordinaire, vous pouvez gagner plus de 10 000 yuans par mois (1000 euros). Même une personne en charge du ménage dans ce secteur peut gagner 2500 yuans (250 euros) par mois » a-t-il expliqué au Quotidien de la jeunesse de Chine, alors qu’elle gagnerait probablement moins de 1000 yuans (100 euros) à l’extérieur.
Les recherches de He Dongping visaient initialement à mettre en place un moyen de détecter l’utilisation de cette huile « recyclée » dans les cuisines des restaurants du pays. Mais jusqu’à présent, il n’a pas trouvé.