Ouvert en octobre dernier, décoré avec faste par Philippe Starck, le Lan propose une nourriture chinoise et occidentale. 6 000 mètres carrés dédiés au luxe : lustres Baccarat à plus de 500 000 yuans pièce et du mobilier unique, les salles à la décoration délirante sont toutes à visiter…

Voila LE restaurant ou il faut être, en ce moment à Pékin… Très beau, très chic, très cher, pas forcément très bon ni très sympa, mais peu importe : le lieu est extraordinaire. Entièrement décoré par Philippe Starck, qui a manifestement eu carte blanche pour aménager un gigantesque plateau, ce restaurant est d’abord un voyage pour les yeux. Des yourtes pour dîners privés, aux salons mexicain, français ou chinois, tout croule sous un luxe inouï, une débauche d’invention, et une cascade de détails, tous plus soignés les uns que les autres. Pas une chaise identique à une autre, pas une assiette qui ne soit unique, des lustres de cristal noir signé Baccarat, des tableaux au plafond : tout est absolument bluffant, sans être forcément du meilleur goût. Les pieds de lampe reproduisant des Colt 45, on n’est pas obligé d’aimer…
Dans l’assiette, quand elle arrive enfin, pas mal de chichis, mais de bons produits, bien travaillés, et très joliment mis en scène. Très bons calamars, bon canard au sésame, mais travers de porc trop gras et mal cuits… Pour rester en dessous de mille yuans par plat, évitez le caviar – qui ouvre la carte – ou les plateaux de fruits de mer, privilégiez le cœur des plats plus classiques. Gros appétits s’abstenir, les portions rappellent un peu les errances de la nouvelle cuisine. En matière de vins, très beau choix, mais les prix proposés, qui mettraient à l’aise le plus cupide des sommeliers français, vous ramèneront vite à des choix plus modestes, comme un merlot sud africain robuste et simple, à 370 yuans quand même.
Mais on ne va pas forcément au Lan pour faire de la gastronomie : c’est un beau voyage dans le monde enchanté de Starck, une leçon de sociologie pour s’essayer à répartir la clientèle entre pétroliers moyen-orientaux, expatriés frimeurs et nouveaux (très ,très) riches chinois, ou le début d’une enquête pour essayer de comprendre qui a pu mettre autant d’argent dans une affaire pareille. Mais attention : sous ses apparences fort policées, le lieu est bien gardé : ne vous avisez pas de demander à conserver un menu, c’est un secret d’Etat qui vous vaudra l’intervention d’un cerbère à oreillette, particulièrement buté et mal aimable, qui terrorise manifestement les jeunes et ravissantes serveuses. Ce n’est peut-être que du marketing puisque pour être branché, il faut savoir être arrogant et désagréable…
Le Lan
4/F Twintowers B-12, Jianguowenmai Avenue
Chaoyang District, Beijing, China
Tel: +86 10 5109 6012
Fax: +96 10 6566 2086
Prix : de 300 à 500 yuans