En Chine, et en particulier dans les zones rurales, les officiels jouissent souvent d’une impunité presque totale, et tout porte à croire que de nombreux cas de viols impliquant des personnes haut-placées restent impunis.

« C’est dommage pour lui qu’il soit dirigeant d’une organisation mondiale. S’il était en Chine, tout aurait été arrangé par ses employés, il lui suffirait de dire quelle femme il veut, et elle lui serait envoyée. Toutes les informations seraient effacées. Dommage, DSK, pourquoi n’es-tu pas un dirigeant chinois? »
Si elle peut faire sourire, cette remarque ironique d’un internaute après l’arrestation de Dominique Strauss-Khan reflète pourtant une réalité cruelle: en Chine, il l’affaire DSK aurait eu peu de chances de se produire.
Tout d’abord, comme dans tous les autres pays, seule une petite proportion des victimes de viols portent plainte contre leurs agresseurs.
Dans pays qui compte 1,4 milliard d’habitants, moins de 32000 cas de viols avaient été signalés en 2007. En comparaison, pour la même année, le chiffre était 12 fois supérieur aux États-Unis, alors qu’en France, les associations estiment que 75 000 femmes sont violées tous les ans.
Les victimes reçoivent souvent peu d’aide, car les centres d’assistance qui leur sont dévolus sont encore très rares. Avec ses quelques 20 millions d’habitants, Pékin ne possède qu’une hot-line, ouverte uniquement 4 soirs par semaine et souvent injoignable.
Des officiels au dessus des lois
Avec peu de sensibilisation et aussi peu d’associations, on imagine qu’il n’est déjà pas facile pour une victime de faire le choix de déposer plainte. Mais cela est encore plus compliqué lorsque l’agresseur est un officiel.
En dépit des tentatives de censure dont elles sont l’objet, certaines affaires émergent parfois dans la presse. L’une d’entre elles, survenue en mai dernier dans la province du Guizhou, illustre bien ce problème.
Ce jour là, le personnel et les élèves d’un collège de la province étaient réunis pour écouter un commentaire d’officiels gouvernementaux venus insister sur l’importance du respect des lois.
Un enseignement très théorique que l’un d’entre eux aurait allègrement piétiné le jour même. L’une des professeur aurait en effet été saoulée par Wang Zhonggui, directeur du Bureau des ressources terrestres du comté au cours du repas qui a suivi l’événement, à coups de « cul-sec » qu’elle pouvait difficilement refuser compte tenu du statut de son interlocuteur.
L’homme aurait ensuite proposé de la raccompagner, pour finalement la ramener chez lui et la violer.
C’est en tout cas la version qu’a donné l’intéressée dans un texte posté sur Internet le 5 juillet. Entre temps, ses tentatives de porter plainte avaient essuyé des refus.
« Pour protéger votre réputation, vous devriez tout oublier« , lui aurait recommandé le fonctionnaire de police auquel elle s’est adressée dès le lendemain matin, refusant de mener l’enquête. Peu après, la victime et ses proches auraient par ailleurs reçu des menaces.
Internet, principal canal d’aide aux victimes
Il est fort probable que beaucoup d’affaires similaires se terminent comme cela. Mais en racontant son histoire sur Internet, cette professeur a réussi à obtenir justice.
Mi-juillet, son texte, qui avait suscité beaucoup de réactions, a été repris par un journal local, obligeant les autorités à mener l’enquête et à mettre M.Wang en examen. Son procès devrait se tenir dans les semaines qui viennent.
« Il y a tout de même une grande probabilité que le violeur ne soit jamais mis sous les barreaux », estime cependant Guo Jianmei, directrice du centre de consultation et d’assistance pour les femmes de Pékin interrogée par le New York Times.
Selon elle, ce cas illustre pourtant le rôle positif d’Internet. « Nous voyons de plus en plus de victimes obtenir de l’aide via Internet. Nous sommes vraiment contents de voir que l’opinion publique de ce pays joue un rôle dans le rétablissement de la justice« .
Tout porte à croire que ce genre de dénouement soit cependant encore loin d’être la norme: dans la plupart des cas, les victimes se taisent. « Laissez-moi vous donner un exemple, commente la vice-directrice de l’association. Il y a quelques années il y a eu un cas où un homme avait violé plus de 100 femmes de son village. Aucune d’entre elle n’avait parlé! »
Pourtant, grâce à Internet, l’histoire de cette enseignante n’est pas un cas unique. Déjà, en 2009, une serveuse qui avait tué un officiel en se défendant d’une tentative de viol avait été remise en liberté après que son histoire a suscité l’émoi des internautes.
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Les chinois ont trouvé leur justice : internet! C’est quand même navrant qu’il faille en passé par là pour que « justice » soit faite, même si les officiels n’encourent pas grand chose… Il y a un début à tout.
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