9559 habitants de la province du Guangdong doivent être stérilisés pour être en conformité avec l’interprétation que les officiels locaux font de la politique de l’enfant unique. Les familles des réfractaires sont arrêtées.

Assouplie depuis sa création en 1979, la politique de l’enfant unique est encore parfois appliquée avec violence en Chine. La campagne mise en place récemment à Puning, dans la province Guangdong, en est la preuve.
La semaine dernière, une enquête du Quotidien des Campagnes du Sud révélait que les autorités locales retenaient près de 1300 personnes, pour la plupart parents de personnes refusant de se faire stériliser. Détenues dans des conditions précaires décrites par le quotidien, ces personnes auraient à l’occasion suivi des « cours » de planning familial.
La campagne a été lancée le 7 avril dernier. 9 559 personnes doivent être stérilisées à Puning, pour ne pas avoir d’enfants supplémentaires. Les autorités ont arrêté les parents des réfractaires. Selon le Quotidien des Campagnes du Sud, environ 50% des personnes visées par ces détentions se seraient déjà rendues aux autorités.
Si la campagne menée par les autorités de Puning est particulièrement violente, elle n’est pourtant pas un cas isolé, rappelle Yang Zhizhu, démographe dénonçant depuis longtemps les effets pervers de la loi sur l’enfant unique.
« Il y a de moins en moins de cas comme celui là, explique t-il. Mais c’est uniquement parce que les gens se plient plus d’eux même à la loi qu’avant. Parce que de toute façon, ce n’est pas une politique que l’on peut appliquer uniquement par l’incitation. Cela ne marche pas. Si elles veulent faire respecter la loi, les autorités sont obligées de le faire de manière coercitive », commente-t-il.
Dans un article publié sur son blog, Yang Zhizhu souligne que les pratiques mises en œuvre par les autorités de Puning sont illégales. Aucune détention, outrage, revanche ou sanction ne peut être infligée aux personnes enfreignant la loi sur le planning familial ou à leurs familles, selon le droit chinois.
En théorie, les personnes ayant un deuxième enfant doivent « uniquement » s’acquitter d’une amende, dont le montant se veut dissuasif.
Certains assouplissements ont été tolérés. Les couples issus de minorités ethniques ont le droit de donner naissance à un second enfant, de même que ceux composés de deux enfants uniques ou que les paysans ayant eu une fille.
Cette politique continue pourtant d’avoir des conséquences extrêmes. Dans les provinces, les officiels, soumis à des quotas, emploient parfois les grands moyens, comme à Puning, pour rester dans les clous et ne pas se faire éjecter. Dans le cas contraire, s’ils sont en dessous du nombre limite, ils incitent les familles à procréer, dans l’espoir de tirer un revenu des amendes. Sans compter l’inquiétant déficit de filles en Chine, ou les millions d’ « enfants noirs », qui n’ont aucune existence légale car leurs parents n’ont pas pu payer l’amende à leur naissance et ne pourront donc jamais avoir de papiers, avec toutes les complications que cela engendre.
Dans cette vidéo, Yang Zhizhu revient sur les effets pervers de la politique de l’enfant unique