Pour Rebiya Kadeer, des travaux dans le centre de Kashgar, point de passage historique sur la Route de la soie, sont une menace de plus pour la préservation de la culture ouïghoure. Pour le gouvernement local, cette démolition permettra la modernisation.

La dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer a dénoncé mercredi le projet de démolition d’une partie du centre historique de Kashgar, une oasis de l’ancienne Route de la soie, au Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine.
« La démolition de la vieille ville de Kashgar est un affront à l’identité ouïghoure et une tentative d’assimiler les Ouïghours », estime dans un communiqué Rebiya Kadeer, qui vit à Washington. « Je regrette la perte d’un site unique appartenant au patrimoine mondial et j’appelle les gens à faire savoir au gouvernement chinois que cette démolition prive le monde d’un lieu irremplaçable », ajoute-t-elle.
Exilée par les autorités chinoises après une détention de près de six ans, Rebiya Kadeer, 62 ans, est arrivée en mars 2005 aux Etats-Unis, d’où elle continue à lutter pour le respect des droits de la minorité ouïghoure du Xinjiang, dénonçant la répression politique et religieuse menée par la Chine.
Située près de l’Asie centrale et dans la Région autonome chinoise à majorité musulmane du Xinjiang, la ville de Kashgar était un comptoir fréquenté par les commerçants et voyageurs qui empruntaient la Route de la soie, entre la Chine et le Proche-Orient, à partir du IIe siècle.
Malgré un afflux de Chinois de l’ethnie han au cours des dernières décennies, Kashgar est encore peuplée principalement par des membres de la communauté ouïghoure, des musulmans turcophones, mais aussi des kazakhs et tadjiks.
Selon un communiqué publié sur le site internet du gouvernement du Xinjiang, la démolition concerne des édifices dangereux, dans le cadre d’un programme de relogement de près de 50.000 familles, pour un montant de trois milliards de yuans (350 millions d’euros).
Il prévoit également la pose d’infrastructures pour l’eau et l’électricité et l’élargissement des rues, selon le gouvernement local.
Photo : Dave & Melody – Creative Commons