La France et la Chine ont célébré leur amitié retrouvée après une brouille sur le Tibet à l’occasion de la pose de la première pierre de la future ambassade de France à Pékin, en présence de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

Projet à l’étude depuis 10 ans, l’ambassade, située dans un nouveau quartier diplomatique de l’est de Pékin, doit être achevée en seulement 18 mois, a indiqué l’ambassadeur Hervé Ladsous. Elle sera l’une des plus grandes missions de la France à l’étranger, avec une capacité de 270 postes de travail.
M. Raffarin s’est réjoui dans un discours de la récente réconciliation entre la France et la Chine et a rendu hommage aux diplomates.
« La diplomatie privilégie toujours le long terme sur le court terme, et accorde plus d’importance à l’histoire qu’à l’actualité », a-t-il dit dans une allusion à la brouille sur le Tibet que Pékin et Paris ont décidé de mettre derrière eux.
La Chine boudait la France depuis une rencontre en décembre entre le président Nicolas Sarkozy et le dalaï lama, chef spirituel des tibétains.
La réconciliation franco-chinoise a été scellée la semaine dernière par un communiqué conjoint, publié juste avant le G20 de Londres, dans lequel la France « récuse tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit ».
Ce « texte commun (…) nous engage (…) clarifie les positions de la France, (et) engage tous ceux qui souhaitent parler au nom de la France de ses relations avec la Chine », a dit M. Raffarin.
Li Jinzhang, vice-ministre des Affaires étrangères, a répondu à M. Raffarin — « un bon ami de la Chine » — être « très heureux de l’amélioration des relations après une période turbulente ».
Mais il a rappelé la nécessité du « respect mutuel, de la non-ingérence dans les affaires intérieures » et « de la prise en compte des préoccupations majeures respectives », dans une allusion au Tibet.
La cérémonie de la pose de la première pierre de l’ambassade française a comporté les traditionnels tambours, danse des dragons et pluie de confettis. Pas prévu au programme, un lapsus de M. Raffarin, qui a évoqué dans son discours à la tonalité parfois lyrique et conclu par un poème, « une démocratie revivifiée » au lieu d’une « diplomatie revivifiée ».
L’ancien chef de gouvernement se trouvait à Pékin pour des discussions économiques qui se sont tenues dans le cadre du comité France-Chine.
« Nous n’avons pas signé d’accord mais il y a beaucoup de projets très avancés », a-t-il dit à quelques journalistes. La France a « beaucoup de projets (en Chine) pour les nouvelles énergies et l’énergie nucléaire, pour l’environnement, la construction, l’aviation ». « Le 23 juin est prévu le premier vol d’un Airbus euro-chinois, symbole de notre coopération », a dit M. Raffarin.
Il a espéré l’envoi prochainement d’une mission « d’acheteurs et d’investisseurs chinois » en France, comme il y en a eu en Europe en février.
Cette mission avait évité la France en raison de la brouille et signé 13 milliards de contrats d’euros, a dit le sénateur de la Vienne.
« Les Chinois, comme les Français, savent bien qu’il faut unir nos efforts pour la relance », a-t-il dit en évoquant la crise mondiale. « On a besoin de la croissance asiatique, les emplois en France se gagnent aussi par les entreprises françaises implantées en Chine ».