Sociologue enseignant à l’université de Qinghua, Jean-Louis Rocca a présenté cette semaine a Pékin son dernier livre, Une sociologie de la Chine. Un livre concis, qui aborde tous les grands sujets de la société chinois actuelle, en s’appliquant à déconstruire un certain nombres de préjugés.

En mutation accélérée, la Chine contemporaine est un défi d’étude majeur pour un sociologue, de surcroît occidental. Pourtant, dans Une sociologie de la Chine, Jean-Louis Rocca parvient à en définir les traits majeurs, en à peine plus de 100 pages, et dans une forme très accessible au grand public.
L’ouvrage est le fruit d’années de recherches et d’enquêtes de terrain. « J’attache une grande importance au terrain, explique l’auteur. C’est à dire à observer, comme n’importe quel touriste débarquant en Chine, les différences visibles dans les pratiques« .
Ces enquêtes de terrain, Jean-Louis Rocca les mêne depuis 2005, date de son installation en Chine, où ce chargé de recherche au CERI (Science Po) enseigne la sociologie à l’université de Qinghua et dirige les Ateliers franco-chinois de Pékin.
Dans Une sociologie de la Chine, l’auteur aborde tous les sujets essentiels à la compréhension de la société chinoise moderne : de l’émergence de nouvelles classes sociales à l’importance primordiale de la réussite personnelle, en passant par les phénomènes d’urbanisation.
Déconstruire les préjugés
Mais pour parvenir à une analyse pertinente, Jean-Louis-Rocca commence par déconstruire méticuleusement les grilles de lectures que la plupart des occidentaux appliquent (à tord, selon lui) à la Chine. Mais il se garde bien de tomber dans un « culturalisme » à la François Jullien, partant du postulat que « les Chinois ne sont pas comme nous ».
Ainsi, l’auteur met en lumière les oppositions traditionnelles qui fondent notre regard sur la Chine, et le biaisent : modernité et tradition , individu et société, démocratie et autoritarisme.
L’Histoire, explique M.Rocca, qui critique l’attente presque « religieuse » des occidentaux d’une « conversion » des chinois à la démocratie, n’a pas un seul sens, mais plusieurs.
Sans porter de jugement, il rappelle que la société chinoise est très active sur le plan des luttes, mais souligne que celles-ci se focalisent plus sur la défense des droits individuels que sur l’instauration d’un système politique électif.
Au final, Une sociologie de la Chine est un ouvrage clef pour comprendre la Chine d’aujourd’hui, mais aussi une intéressante remise en question de nos préjugés.
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Je l’ai lu, je le conseille à tout le monde, l’auteur a réussi à allier érudition universitaire et connaissance du terrain sans dégouter l’humble lecteur.
Article trop court sur un sujet plus qu’intéressant (le livre l’est-il autant?): ici, on croit tous très bien connaitre la Chine et les chinois….