Pour un groupe de jeunes joueurs français de tennis de table, les vacances d’été ont été studieuses cette année à suer sur le parquet d’une des « usines à champions » olympiques de Pékin.

Nicolas Quetard, 27 ans, entraîneur dans un club de la banlieue d’Orléans (centre de la France) est venu dans la capitale chinoise avec trois de ses joueurs de 14 ans, qui, le reste de l’année, participent à des compétitions de niveau national. Pour lui, c’est le troisième été consécutif au royaume du ping pong. « C’est comme si un footballeur allait faire un stage au Brésil et voyait les écoles brésiliennes de foot, c’est pareil pour nous, c’est un rêve », explique-t-il, entre deux séances d’entraînement à l’école de sport de Shichahai, au nord-est de la Cité interdite, réputé pour avoir formé, dans des disciplines différentes, plusieurs champions olympiques.
Leurs adversaires sont de tout jeunes joueurs chinois, qui espèrent bien suivre les traces de leurs glorieux aînés, maîtres absolus de ce sport. « Ici à Shichahai, c’est le centre de formation des jeunes de moins de 16 ans pour l’accès à l’équipe de Chine et au niveau notoriété et ambiance c’est ce qu’il y a de mieux pour les Français », explique l’organisateur du stage, Jim Chiu, 29 ans, de père d’origine chinoise et de mère française. Il y a trois ans, sur une idée de son père, entraîneur de ping pong en France, il a créé l’entreprise China Elite pour organiser ces stages réguliers, avec la volonté aussi de développer les « échanges culturels entre la Chine et la France », ses deux pays de coeur.
Durant trois semaines, à raison de cinq heures par jour, les joueurs français se frottent à la formation et l’entraînement à la chinoise, basée sur la répétition. L’une des grandes caractéristiques de la formation à la chinoise, c’est en effet le « panier de balles »: « On a de grandes bassines avec 200-250 balles, on répète le même geste jusqu’à ce qu’il soit réussi parfaitement, cela laisse peu de place à l’improvisation », explique Nicolas Quetard. « Toute la semaine c’est entraînement du lundi au vendredi et le week-end on fait des visites, donc c’est vraiment complet. Il n’y a pas de temps mort. (…) C’est dur, mais ils sont là pour cela et ils le savent », explique Jim Chiu.
En l’espace de trois semaines, les stagiaires auront effectué l’équivalent de six mois d’entraînement dans leur pays. Mais perdre face à des gamins suppose de laisser son amour-propre dans le vestiaire. « Le niveau déjà est très fort, je joue contre des enfants de 10 ans, 12 ans et je perds des matches alors que j’en ai 15, ça c’est impressionnant », raconte Vincent Robert, qui se réjouit cependant de pouvoir regarder son sport favori à la télévision, « ce qu’on ne voit pas en France ».
Pour Nicolas Quetard, perdre face à des plus jeunes est, au contraire, « motivant ». « Je me dis que si des enfants arrivent à faire cela, on doit pouvoir le faire aussi en France, je repars à chaque fois avec plus de motivation ». Un des jeunes adversaires, Tian Hao, 9 ans et grand espoir chinois, se fait néanmoins modeste et diplomate: « Leur niveau est assez bon », lance-t-il dans un grand sourire.