Un sceau personnel de l’empereur chinois Kangxi a été vendu aux enchères 4,7 millions d’euros à des Chinois, un record mondial pour un tel objet, oublié pendant de nombreuses années dans un placard d’une vieille famille toulousaine.

« C’est un record mondial pour un sceau et un record européen pour un objet chinois », s’est réjoui le commissaire-priseur Hervé Chassaing rappelant que le record était jusqu’à présent détenu par la vente, en octobre 2007, d’un sceau impérial en jade blanc pour un montant de près de 4,25 millions d’euros chez Sotheby’s à Hong Kong.
« Il n’y a que les Chinois qui peuvent mettre des prix pareils. Les Américains étaient intéressés, les musées aussi, mais ils ne peuvent mettre
autant d’argent dans un objet qui, pour les Chinois, est un bout de leur histoire », a-t-il expliqué devant le sceau placé sous une vitrine.
Mis à prix 300.000 euros et vendu avec les frais de vente 5,627 millions d’euros, ce sceau du XVIIe siècle, longtemps considéré comme disparu, est destiné à retourner en Chine.
L’identité des acheteurs est cependant restée inconnue, selon les organisateurs, heureux d’avoir pu mettre en place une vente en province pouvant rivaliser avec celles de Londres ou de Paris.
En stéatite beige, cette pièce carrée est l’un des 130 sceaux personnels de l’empereur chinois Kangxi (1662-1722), contemporain de Louis XIV. Pesant près de 3 kg, il est composé d’une calligraphie en six caractères rouges « Kangxi yubi zhi bao » (Grand sceau du pinceau impérial sous le règne de Kangxi) surmontée de deux dragons s’ébattant dans les nuages, et de son coffret.
« C’est un souvenir historique très important. L’empereur lui-même s’en servait uniquement en qualité de grand lettré. Il apposait ce sceau sur ses propres oeuvres calligraphiées et sur les peintures qu’il appréciait », avait expliqué avant la vente Pierre Ansas, expert en arts asiatiques qui a déterminé la valeur de l’objet.
Pour cet expert, « ce qui est rare, c’est son coffret d’origine, laqué avec un médaillon en ivoire, et sa grandeur », haut de 14 cm et large de près de 10 cm.
Me Chassaing a découvert par hasard cet « instrument du pouvoir », oublié au fond d’un placard, lors d’une succession dans une vieille famille toulousaine, qui ne connaissait ni la fonction ni la valeur de l’objet. Il était répertorié en Chine et considéré comme disparu. Sa dernière trace remonte à 1946 à Marseille.
« Il était à l’état neuf. Je ne savais pas le chiffrer et pour eux, cet objet n’avait pas d’importance. Si j’avais été antiquaire, j’aurais pul’acheter 2 à 3.000 euros! », confie-t-il.