Pour pénétrer l’empire de la télévision centrale de Chine, à Pékin, une invitation sert de sésame. Mais la visite a lieu sous escorte officielle. Et elle est l’occasion de promouvoir les capacités gigantesques de la CCTV.

Elle compte pas moins de trente chaînes. Elle emploie 20 000 salariés, dont près de 4000 journalistes. A la CCTV, on parle gros chiffres.
La visite des locaux est bien sûr officielle. Etudiants français en journalisme, nous sommes reçus comme des invités de marque. Après nous avoir fait patienter dans le hall très luxueux de la réception, la responsable du département des affaires internationales vient à notre rencontre. Elle nous emmène découvrir la salle de contrôle, puis de montage. Et vante toutes les capacités de la CCTV.
Elle n’omet pas de préciser les 15 % d’audience nationale de la première chaîne. Pourtant, pas de quoise vanter. A la question, existe-t-il une course à l’audience, l’un des porte-parole de la CCTV s’étonne. Et répond comme si c’était une évidence : il n’existe pas de chaîne concurrente.
La visite est plutôt rapide et surtout bien encadrée. Les couloirs des 25 étages ressemblent à un véritable labyrinthe.
Direction la section internationale. Elle compte trois chaînes en langue étrangère, anglais, espagnol et français. Plus d’une centaine de salariés travaillent dans chacune d’entre elles. Des chaînes qui se veulent une ouverture sur le monde.
Pourtant, bizarrement, elles ne sont accessibles qu’à l’étranger. Et pour cause : en Chine, il est toujours interdit de recevoir des chaînes étrangères. « C’est à cause du régime », explique le responsable du canal français. Mais il précise que ce règlement n’est pas strictement appliqué. Si les hôtels ont le droit de diffuser des chaînes étrangères, n’importe qui peut les regarder sur la toile, même si ce n’est pas légal. Mais la Chine contrôle étroitement internet. Certains sites, comme celui de la BBC, sont complètement innaccessibles.
A terme, l’objectif du canal français est d’être diffusé sur le câble en Chine. Son responsable assure disposer de libertés dans le choix de ses sujets.
Pourtant, sa chaîne ne fait que reprendre principalement les sujets diffusés par la CCTV chinoise qui sont évidemment étroitement contrôlés. Et peu de journalistes y travaillent. Les salariés font principalement un travail de traduction.
Des revenus qui dépassent le milliard d’euro
Durant la visite, certaines questions laissent nos guides surpris et perplexes. Impossible de connaître par exemple le budget de la chaîne. Quant aux revenus, les chiffres annoncés diffèrent d’un porte-parole à l’autre. Au bout de quelques minutes, ils finissent par se mettre d’accord. L’an dernier, les revenus de la CCTV se sont élevés à plus de 1,6 milliard d’euros. Plus des trois-quarts proviendraient de la publicité.
La chaîne chinoise n’en finit pas de vouloir agrandir son empire. Elle manque de place. Alors, elle construit actuellement de nouveaux studios, dans l’est de Pékin. Pour un coût approximatif de 500 millions d’euros. Le chantier est une tour, à l’architecture ultra-moderne et d’une hauteur de 250 mètres. Elle devrait ouvrir ses portes d’ici le mois d’août, pour le lancement des jeux Olympiques de Pékin.
