Wang Chao est le réalisateur du film « Voiture de luxe », primé à Cannes dans la catégorie « Un certain regard », et actuellement sur les écrans en France. Il a accordé une interview en exclusivité pour Aujourd’hui la Chine.

Wang Chao, né en 1964, n’a de cesse dans ses films et ses romans, de se faire l’écho des changements politiques et économiques radicaux de son pays. Voiture de luxe raconte l’histoire d’un instituteur de la campagne débarquant en ville à la recherche de son fils disparu depuis deux ans. Aidé par un vieux policier au bord de la retraite, il va être confronté à la violence d’une ville qui va trop vite pour lui. « Tous les changements ont un prix. Surtout dans mon pays, avec cette tombée dans un capitalisme violent. En moins d’un siècle, notre société a été totalement bouleversée, en Occident, ce processus a pris plusieurs années. Alors, évidement, les problèmes que cela implique sont décuplés. Tout le monde ou presque a souffert, mais ceux qui ont payé le prix fort, ce sont les petites gens… Mes films racontent des histoires qui les concernent. »
Mais à la différence de ses deux films précédents, Wang Chao a voulu mettre l’accent cette fois plus sur les personnages que sur leur environnement : « En réalité, dans ce film, j’ai voulu décrire certaines contradictions de la société chinoise actuelle. Par exemple l’opposition entre villes et campagnes, ou bien le problème des inégalités entre les couches riches et la misère. Mais ces deux contradictions, j’ai voulu les exprimer dans le film à travers une belle histoire. Une histoire pleine de sentiments. C’est très puissant pour exprimer ces réalités car finalement, pour moi le plus important, ce n’est pas de dénoncer un problème. Mon intention profonde est de parler des difficultés personnelles à assumer un fardeau, y compris les côtés plus sombres du coeur des hommes. Comment ils affrontent ces difficultés intimes. Comment ils les assument. » Comme il le raconte dans une interview accordée à Aujourd’hui la Chine et disponible en vidéo ci-contre, son histoire personnelle montre à quel point l’éclatement de la cellule familiale engendrée par les changements a également influencé sa démarche.
C’est peut-être grâce à ce dispositif, qui n’affadit en rien son oeuvre, que le film a été autorisé en Chine : « Je n’ai pas fait de concessions sur mon message. Je pense que la censure s’assouplit ; ou plutôt qu’elle devient réaliste. Mes deux films précédents ont été interdits mais les copies piratées circulaient sans problème… » Comme il l’explique pourtant face caméra, rien n’est gagné car la censure peut prendre d’autres formes, moins visibles.
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