Viande de chien, bile d’ours ou porte-clés vivants… Les réseaux sociaux servent aujourd’hui de vecteur pour sensibiliser l’opinion publique à la défense de la cause animale… avec un certain succès.

Les animaux sont à l’honneur sur Weibo. Les adeptes du tweeter chinois font désormais entendre leur voix pour défendre leurs amis les bêtes. Dernier exemple en date, les internautes se sont mobilisés par milliers la semaine dernière pour protester contre la nouvelle règlementation de la ville de Harbin visant l’interdiction de chiens de grande taille dans les zones urbaines.
Craignant que les toutous en infraction soient abattus, voire servis dans les assiettes, les internautes indignés ont lancé une campagne de grande envergure appelant même à boycotter le tourisme à Harbin. Un appel à la compassion accompagné de photos de molosses prenant la pose avec des pancartes de SOS accrochées autour du cou.
Dans tous les domaines, les Weibonautes aiment propager l’information, dénoncer les scandales, mais ils ont trouvé dans la cause animale un sujet sur lequel ils peuvent exercer une pression des plus efficaces.
Meilleur exemple de cette mobilisation du réseau, les sauvetages de chiens qui se sont répétés l’année passée. 520 animaux promis à l’abattoir sauvés sur l’autoroute Pékin-Harbin en avril, 800 dans le Guangxi en octobre, 200 de plus dans le Sichuan quelques semaines plus tard… A chaque fois le même mécanisme : un Weibonaute fait filtrer l’information d’une imminente livraison de chiens, avant que des milliers d’autres ne la relaient, organisent une levée de fonds et interceptent le transporteur sur l’autoroute pour lui racheter les bêtes avant qu’elles ne soient abattues.
Les victoires s’enchaînent et sensibilisent de nouveaux utilisateurs du réseau qui organisent la vigilance dans leurs propres zones, développent de nouvelles techniques de mobilisation et s’attaquent à des cibles plus importantes.
En octobre dernier, Wang Lingyi lance une fronde et une menace de boycott contre le festival de la viande de chien de Jinhua. Son alerte, repostée plus de 550 000 fois a abouti à l’annulation de l’événement et permis de sauver la vie de 5000 à 10 000 chiens habituellement « poignardés, étranglés et même battus jusqu’à perdre conscience puis jetés dans de l’eau bouillante » avant d’être dégustés par les festivaliers. Un véritable exploit, salué par la presse nationale qui n’a pas manqué de donner confiance aux militants des droits des bêtes.
Des combats à bout de bras
Weibo facilite l’organisation et la communication, soutenant le travail d’organisations de défense des animaux longtemps restées sans voix en Chine. Cela fait par exemple de nombreuses années que les associations chinoises et internationales dénoncent la » barbarie » des prélèvements de bile effectués sur les ours, mais c’est grâce aux réseaux sociaux qu’elles ont réussi à faire médiatiser cette lutte.
De microblogs en microblogs, les internautes de tout le pays découvrent et s’engagent dans un combat qu’ils ne connaissaient pas pour la plupart. Les associations dénoncent l’élevage de ces animaux en cage, subissant des chirurgies rudimentaires pour procéder à l’extraction biliaire et ne survivant pas longtemps à ce traitement.
Le tout pour fournir la pharmacopée traditionelle , mais aussi faire vendre des shampooings, dentifrices, boissons, crèmes anti-hémorroïdes… ou potions magiques pour accroître les performances sexuelles.
Devant la poussée du net, les professionnels sont obligés de s’expliquer, pour la première fois. La pratique serait « sans douleur, naturelle et simple« , pour l’Association de médecine traditionnelle chinoise. Les éleveurs, d’habitude si discrets doivent répondre aux questions de la presse nationale… maladroitement : les propos de certains défenseurs de la pratique sont relayés et tournés en ridicule (« Vous n’êtes pas un ours, comment savez-vous qu’ils souffrent ? », « prélever la bile revient à tourner un robinet »).
Reste que le combat n’est pas gagné : Weibo ou pas, les fermes à ours sont toujours à l’abri derrière l’argument de la tradition et les soutiens politiques. Sur le web, on ne baisse pas les bras et des actions virtuelles ou réelles sont fréquemment organisées par voix de microblogs.
Le combat des Weibonautes ne se limite pas à lutter contre d’anciennes pratiques. Le développement du pays et le manque d’implication des pouvoirs publics dans la sensibilisation créent de nouveaux cas dénoncés jours après jours sur les réseaux.
Après les tortues vendues au feu rouge, les lapins vendus avant sevrage ou les poussins colorés, les twiteratis chinois se sont trouvés une nouvelle hantise : les porte-clés vivants.
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Article intéressant ! Les associations écologistes ont aussi alerté sur les élevages et le gavage massif d’oies. De plus en plus controversés à l’Ouest, ils se déplacent vers la Chine http://oua.be/fwa